L’info. Les révélations s'enchaînent. Au lendemain de la divulgation du scandale mondial du offshore leaks, portant sur des millions de transactions dans des paradis fiscaux, Le Monde met en cause vendredi deux banques françaises : BNP Paribas et le Crédit agricole. Les deux établissements ont aidé des clients à créer des sociétés offshore, via des filiales à l’étranger.
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56 sociétés pour BNP, 36 pour le Crédit agricole. Selon le quotidien, qui s’appuie sur les documents du Consortium international de journalistes (ICIJ), BNP Paribas aurait aidé à créer 56 "sociétés commerciales internationales", depuis des filiales à Jersey, en Asie et dans divers paradis fiscaux comme les îles Vierges britanniques. Pour le Crédit agricole, il s’agit de 36 sociétés, créées par la filiale suisse de la banque, via des implantations asiatiques. Les données de l’ICIJ concernent la période allant de la fin des années 90 au début de l’année 2010. Pour mener à bien ces créations d’entreprises, les deux banques françaises se seraient appuyées sur un prestataire spécialisé sur le offshore, Portcullis TrustNet.
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Des pratiques pas illégales en soi. "La constitution de telles sociétés de droit anglo-saxon n’est pas illégale en soi", insiste Le Monde. En revanche, elle l’est si la pratique est interdite dans le pays, comme c’est le cas en France. Et le quotidien de noter que les banques qui se livrent à de telles activités risquent des accusations graves, de complicité de fraude fiscale, voire de blanchiment d’argent.
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Un exemple en Grèce. BNP Paribas assure que ses clients sont asiatiques ou domiciliés en Asie, et que ceux-ci ne cherchent qu’à s’assurer une meilleure confidentialité lors de la transmission à leurs héritiers. Mais parmi les sociétés montées par BNP Paribas figure Muju International Limited, créée aux îles Vierges britanniques mais dont les actionnaires sont en réalité grecs. Leurs noms : George Macrymichalos et Dimitrios Charitatos. Tous deux sont les dirigeants de la compagnie maritime Empros Lines.
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La moitié des structures plus actives. La direction de BNP Paribas n’a pas souhaité réagir auprès du Monde, mais souligne tout de même que la moitié des structures citées ne sont plus actives à l’heure actuelle. Même son de cloche du côté du Crédit agricole, qui ne fait pas de commentaire. La banque aurait cependant effectué un grand nettoyage après le G20 d’avril 2009, pendant lequel les puissances mondiales s’étaient engagées à lutter contre les paradis fiscaux. Sans grand succès jusqu’ici.