C'était l'une des questions posées par l'arrivée de Kim Jong-Un à la tête de la Corée du Nord. Comment la propagande officielle allait-elle bien pouvoir présenter sa mère, personnage sulfureux aux origines embarrassantes ? La réponse est fournie par le journal japonais Mainichi Shimbun, qui s'est procuré un film de propagande à la gloire de cette encombrante génitrice.
Ce document, qui dure environ 90 minutes et que le journal n'a pas publié sur Internet, s'appuie sur des vidéos tournées en grande partie dans les années 80 et 90. Il n'aurait été pour l'instant montré qu'à des cadres du régime, soucieux de donner de la défunte Ko Young Hui, jusqu'ici soigneusement laissée dans l'ombre, une image positive.
Née au Japon
La tâche n'est pas aisée, en raison de son histoire personnelle. Ko Younh Hui, rebaptisée Ri Eun-Shil dans le film, selon Le Figaro, est en effet née et a passé une partie de son enfance au Japon, ennemi historique de Pyonyang. Dans les années 60, sa famille a déménagé en Corée du Nord, où elle est devenue danseuse, intégrant une prestigieuse compagnie. C'est pendant un spectacle qu'elle a été remarquée par Kim Jong-Il, qui en a fait sa maîtresse.
Ko Younh Hui, morte d'un cancer à Paris en 2004, serait celle de ses compagnes qu'il a le plus aimées, selon le Wall Street Journal. Dans les années 80, à une date qui n'est pas connue précisément, elle a donné naissance à Kim Jong-Un, devenu le nouveau "leader suprême" fin 2011.
"Une personne envoyée du ciel"
Les cadres du régime ont donc peut-être décidé qu'il était temps de clarifier la question de la mère de leur nouveau leader et de l'intégrer à la propagande, suppose le Mainichi Shimbun. Dans le film, Ko Younh Hui est comparée à la mère de Kim Jong-Il, Kim Jong-Suk, présentée depuis des décennies comme la "Grande Mère" de la nation coréenne. La vidéo parle d'elle comme la "camarade révolutionnaire la plus précieuse du cher Général Kim Jong Il" et évoque une "personne envoyée du ciel", note le Mainichi Shimbun.
Sur les images, on peut notamment voir Ko Younh Hui apprendre à tirer au pistolet ou de regarder son fils, enfant, en train de dessiner. Une manière pour les autorités de Pyongyang de rendre le "leader suprême" un peu plus humain aux yeux des Nord-Coréens.