"On reproche des choses abracadabrantes à Obama"

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Thomas Sotto avec , modifié à
INTERVIEW E1 - Denis Lacorne, spécialiste de l'histoire politique des Etats-Unis, évoque les enjeux des élections de mi-mandat qui se tiennent mardi sur l'autre rive de l'Atlantique.

Qui vont élire les Américains aux élections de mi-mandat ? Invité sur Europe 1 lundi matin, Denis Lacorne, directeur de recherche au CERI-Sciences Po, analyse le cotnexte dans lequel se déroule les "midterms". Mardi, les électeurs américains seront en effet appelés aux urnes pour les traditionnelles élections de mi-mandat. Un scrutin "qui mêle local et national", explique Denis Lacorne, directeur de recherche au CERI-Sciences Po. "On va réélire toute la chambre des représentants (l'équivalent américain de l'Assemblée nationale, ndlr) et le tiers des sénateurs, mais les citoyens vont aussi voter pour leurs parlements locaux, dans chaque Etat, et aussi pour choisir leurs gouverneurs."

Quel est le principal enjeu du scrutin ? Le principal enjeu de ces élections, c'est bien évidemment le changement de majorité au Congrès (la réunion du Sénat et de la chambre des représentants). Alors que les démocrates détiennent une très courte majorité, tous les sondages les donnent perdants dans ces "midterms". Si le parti de Barack Obama venait à perdre la majorité, "tout serait compliqué", explique Denis Lacorne. Le chercheur compare cette potentielle situation à "un gouvernement de cohabitation" en France, "ce qui veut dire que les grands projets d'Obama de réforme de l'immigration ou de lutte contre le réchauffement climatique risquent d'être empêchés".

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Pourquoi les démocrates sont-ils si mal partis ? Plus que le parti démocrate, c'est Barack Obama lui-même qui cristallise le mécontentement et les critiques. Et ce malgré des résultats plutôt satisfaisants sur les derniers mois, particulièrement sur sa politique économique et sociale. Mais il y a un décalage entre le moment où les chiffres du chômage et de la croissance s'améliorent et le moment où les électeurs s'en rendent compte. "Le taux de chômage a baissé a 6%, le taux de croissance remonte à 3,5%, mais il faut du temps à l'électeur moyen pour qu'il se rendre compte que le chômage baisse, et que la reprise est là parce qu'il constate pendant un moment que son salaire stagne. Les classes moyennes n'ont pas immédiatement la perception de la reprise", analyse l'historien.

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L'autre raison de cette impopularité, c'est la campagne républicaine qui tourne à la cabale anti-Obama. "Il a beaucoup perdu de son charisme, en partie parce qu'il n'a pas pris toujours les bonnes décisions mais surtout parce qu'il y a une campagne féroce de l'opposition contre lui. On lui reproche des choses abracadabrantes !", s'exclame Denis Lacorne qui poursuit. "Par exemple, on dit qu'il n'est pas né aux USA (il est né à Hawaï, un Etat américain; ndlr). 30% des Républicains pensent aussi qu'il est musulman alors qu'il est évangéliste. Enfin, on l'accuse d'événements sur lesquels il n'a pas beaucoup de prise comme l'Etat islamique."

Quelle serait la marge de manœuvre d'Obama s'il n'avait plus la majorité ? Mais la Constitution américaine, qui privilégie le pouvoir présidentiel, laisse quelques armes à Barack Obama pour agir, même sans sa majorité. Denis Lacorne décrypte : "face à l'incapacité de passer des lois, Obama pourra faire énormément des choses par décret présidentiel, comme il l'a déjà fait par le passé". Mais le spécialiste tempère. "Ce seront des réformettes, et puis il a le droit de véto sur les propositions de lois des républicains. Ca sera un peu plus de paralysie malheureusement oui". Dans certains domaines en revanche, comme la politique étrangère, "Obama a énormément de pouvoir" et  "la stratégie américaine ne devrait pas changer", conclut Denis Lacorne.

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Une défaite mardi annonce-t-elle une déroute lors de la présidentielle de 2016 ? Une défaite à mi-mandat, c'est un classique de la politique américaine. Obama et son prédécesseur George W. Bush ont tout deux déjà connu des revers lors de ces scrutins. Mais ces résultats ne sont pas forcément un indicateur pour la suite, comme l'affirme Denis Lacorne : "En 1994 par exemple, on pense que Clinton est fini, il perd 50 sièges au Congrès, et malgré l'affaire Lewinsky, il gagne la présidentielle de 1996."

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D'un Clinton à l'autre, Hillary, elle, est déjà entrée officieusement en campagne pour 2016. Denis Lacorne estime d'ailleurs qu'elle a de bonnes chances de l'emporter. En effet, Obama parti, "elle n'aura pas vraiment d'opposition : la primaire sera facile pour elle, alors que les républicains pourraient s'entredéchirer.S'il venait à se présenter, Jeff Bush, le frère de George W., serait son adversaire le plus dangereux".