L'info. Les forces internationales ont mené samedi matin à Bangui une vaste opération de désarmement des anti-balaka. Ces miliciens majoritairement chrétiens sont accusés de crimes atroces contre la minorité musulmane. La présidente intérimaire Catherine Samba Panza leur a promis "la guerre" mercredi.
Des armes découvertes. L'opération de ratissage, la plus grosse depuis le début de l'opération Sangaris en décembre, a débuté peu avant 6 heures samedi matin à Boy Rabe, un quartier chrétien de Bangui. Les maisons ont été fouillées une par une et le soldats de la force internationale ont découvert quelques armes automatiques, des grenades, des armes blanches ainsi qu'un grand nombre de munitions.
Quelques arrestations. Une dizaine de personnes ont également été interpellées. "Toutes les personnes chez qui des armes ont été saisies ont été identifiées et seront remises à la gendarmerie", a affirmé le capitaine Bolo, un gendarme camerounais de la force africaine Misca.
"Ils n'ont pas réussi à me prendre". Toutefois, l'un de ses "objectifs" - l'arrestation de Patrice Edouard Ngaissona, qui se présente comme le "coordonnateur politique" des anti-balaka -, n'a pas été atteint. "Ils n'ont pas réussi à me prendre, j'étais sorti. Il faut qu'on me dise pourquoi on me cherche", a affirmé à l'AFP Patrice Edouard Ngaissona, joint par téléphone. Le procureur de la République a regretté qu'il ait pu échapper à une interpellation. "C'était le gros poisson qu'il fallait prendre", a expliqué le magistrat.
"On va s'occuper de vous !" L'opération s'est achevée aux alentours de 10 heures du matin. Les véhicules des Sangaris et de l'Union africaine sont repartis sous les huées des habitants qui scandaient notamment : "Cassez-vous ou on va s'occuper de vous !".
Un nettoyage ethnique dénoncé par l'ONU. Apparus comme des milices luttant contre la rébellion Séléka, à dominante musulmane, qui avait pris le pouvoir en mars 2013 et qui persécutait la communauté chrétienne, les anti-balaka ont rapidement semé la terreur dans Bangui et en province. Après le départ du président Djotodia, et le désarmement et le cantonnement des éléments de la Séléka menés par les soldats de Sangaris, les anti-balaka s'en sont pris systématiquement aux civils musulmans, multipliant lynchages et pillages, conduisant ONG et ONU à dénoncer un nettoyage ethnique.
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