Depuis trente ans aux mains des trafiquants de drogue, la favela de la Rocinha, la plus grande du Brésil, a été reprise dimanche par les forces d’élite de la police brésilienne. Malgré la dangerosité de ce genre d’intervention, étant donné la violence de certains barons de la drogue contrôlant ces quartiers, aucun coup de feu n’a été tiré au cours de cette opération, selon le chef d'Etat-major de la police militaire, le colonel Alberto Pinheiro Neto. "Les communautés sont sous notre contrôle depuis 7h00. Nous sommes en train de retirer les blindés et dans 45 minutes, nous rouvrirons les rues", a-t-il ajouté.
Opération "Choc de paix"
Mobilisant des centaines de policiers d'élite et de soldats, l’opération avait débuté deux heures plus tôt. Les forces d'élite de la police sont entrées vers 7h10 dans les rues de la Rocinha, un bidonville de 120.000 habitants situé sur une colline au cœur des quartiers riches de la ville. Dans les ruelles étroites et escarpées de la favela, des femmes pleuraient, et des habitants avaient déployé des draps blancs à leurs fenêtres en signe de paix.
Cette opération, la plus grande montée à Rio, a mobilisé quelque 2.000 policiers et militaires dont 200 fusiliers marins et des centaines de policiers d'élite de la police brésilienne, appuyés par dix-huit transports de troupes blindés de la marine et des hélicoptères.
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Les favelas, écoles de la misère
Selon les autorités, environ 200 trafiquants de drogue fortement armés se trouvaient à l'intérieur de la Rocinha quand ils ont décidé de fermer les accès aux favelas voisines dès 5h30, dimanche matin. L'espace aérien a également été fermé jusqu'à lundi.
L'opération intervient après l'arrestation dans la nuit de mercredi à jeudi du trafiquant de drogue le plus recherché de Rio, Antonio Francisco Bomfim Lopes, alias "Nem", caché dans le coffre d'une voiture.
La Rocinha est la 19e favela à être reprise aux narcotrafiquants qui y font la loi depuis trente ans. Les quartiers proches du mythique stade du Maracana ont été repris il y a quelques mois. Il y a un an, fin novembre 2010, quelque 2.600 parachutistes et policiers d'élite avaient conquis le principal bastion des trafiquants de drogue, le "Complexo do Alemao", sans grande difficulté et en moins de deux heures, après une semaine de violences urbaines qui avaient fait 35 morts.
Pour une Coupe du monde sécurisée
Les autorités ont lancé depuis 2008 de vastes opérations pour pacifier les quartiers pauvres de Rio contrôlés par les narcotrafiquants et les milices paramilitaires avant les compétitions sportives du Mondial 2014 de football et des Jeux olympiques de 2016.
"On espère que la pacification va aussi apporter le traitement de l'eau, l'éducation, la santé. Il y a ici des gens vivant au milieu des cafards, faisant leurs besoins dans un seau. La pacification doit s'occuper de ces gens en priorité", a confié Raimundo Benicio de Sousa, plus connu sous le nom de "Lima", leader communautaire de 56 ans. "J'espère qu'une fois passée la Coupe du monde, on ne nous oubliera pas", a-t-il ajouté.