La mise au point est venue d’Hervé Ghesquière. Alors qu’il était accueilli jeudi en grande pompe dans les locaux de France Télévisions, à Paris, le journaliste a tenu à revenir sur la polémique autour du danger qu’il encourait, lui et Stéphane Taponier, en se rendant en reportage dans la zone sensible de la Kapisa pour le magazine Pièces à conviction de France 3.
Lors d’un conseil des ministres, en janvier 2010, Nicolas Sarkozy avait accusé les reporters d’inconscience. Le président de la République avait jugé "insupportable de voir qu'on fait courir des risques à des militaires pour aller les chercher dans une zone dangereuse où ils avaient l'interdiction de se rendre". Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, avait ensuite blâmé, sur Europe 1, l'"imprudence vraiment coupable" des deux reporters.
"Personne ne nous a rien dit"
D’après Hervé Ghesquière, les deux reporters n’avaient pas été avertis du danger immédiat. "Personne ne nous a rien dit, que ce soit clair", a-t-il ainsi lancé, excédé, devant les salariés de France Télévisions. Avant d’ironiser : "Nous ne sommes pas allés affronter la face nord de l'Everest en tong, loin de là".
"On savait pertinemment où on allait. (...) On n'est pas allés à l'aventurette pour risquer nos vies", s’est justifié le journaliste. « On a juste voulu voir s'il y a une route, qui s'appelle l'axe Vermont, et si cette route est contrôlée par l'armée française, par l'armée afghane, par la police afghane, par les taliban ou par personne. A priori par personne, ni à l'époque, ni encore aujourd'hui", a-t-il raconté.
"On n'a pas eu de chance. On était bien préparés, on a pris le minimum de risque possible. Je voulais vraiment être clair là-dessus. C'est important de mettre les points sur les 'i'", a encore insisté Hervé Ghesquière.
"L’envie de faire ce métier"
Le reporter n’en démord pas. Malgré son expérience éprouvante de la captivité en Afghanistan, Hervé Ghesquière a toujours la passion du métier. « Plus que jamais », a-t-il martelé, il éprouve l’envie de partir en reportage. L’ex-otage espère également que son cas ne dissuadera pas ses confrères de se rendre en Afghanistan ou en Irak.
"Il ne faut pas toujours être avec l'armée française, avec l'armée américaine, il ne faut pas toujours être 'embedded'" (terme anglais employé pour désigner les journalistes opérant dans des unités militaires, qui les protègent). "Il faut aussi qu'on ait un autre point de vue. Un autre point de vue, c'est aller là où on est allé et où plein d'autres journalistes vont", a conclu Hervé Ghesquière.