Une soirée dans un hôtel. Lorsque le Falcon médicalisé de la République française s'est posé à l'aéroport de Villacoublay et que la porte s'est ouverte face au tarmac, ils ont été saisis d'une immense émotion en revoyant leurs familles. Une visite médicale et un débriefing à la DGSE plus tard, Daniel Larribe, 62 ans, Thierry Dol, 32 ans, Marc Féret, 46 ans, et le benjamin Pierre Legrand, 28 ans, les ex-otages d'Arlit ont pu passer la soirée au calme dans un hôtel parisien. Un moment fort après trois ans dans le désert.
Un échange d'anecdotes. Au milieu de cette effervescence du retour, les familles ont surtout pris beaucoup de temps pour discuter à l'hôtel, a confié à Europe 1, l'une des personnes présentes. Dans un salon privé de cet établissement de la capitale, chaque famille avait sa propre table où chaque ex-otage a pu échanger avec les siens. Il y avait une envie de se retrouver tous ensemble, en vase-clos mais pas forcément de revenir sur les trois ans de détention, raconte un participant. Cette soirée, c'était, selon l'un d'eux, un "échange d'anecdotes" sur leurs proches qui sont en France : les jeunes filles qui sont devenues des adolescentes, des questions sur la santé d'un parent âgé… Bref, rattraper le temps perdu.
"Le serrer contre moi". Des moments d'une intimité presque banale partagés en fin de soirée autour d'une même table. Un repas tout en retenue de la part des familles, qui ne voulaient pas les replonger dans les trois ans de captivité. "Tout ce que je voulais, c'était pouvoir le serrer contre moi", a glissé la mère de Thierry Dol. "Pour le reste", dit-elle, "on verra après".
Des lamelles de chameau et du thé. Cette soirée a peut-être permis aux ex-otages d'oublier pendant quelques heures leurs conditions de vie particulièrement rudes dans le désert. Pendant ces trois années, les ex-otages d'Arlit ont été souvent séparés. Ils en ont fini par oublier la notion du temps, se repérant surtout grâce à la position du soleil. Ils ont bu principalement du thé, écoutant de temps en temps Radio France Internationale sous le contrôle de leurs geôliers et n'ont mangé que du chameau, rapporte Le Parisien. Des lamelles découpées, accrochées à des arbres qui, sous l'action du soleil, était cuites au bout de 24 heures. Un régime qui les a amaigris.
Dès que l'opération Serval a été lancée, les otages ont connu l'itinérance dans le désert, passant d'une cache enterrée à une grotte, rapporte encore Le Parisien. Ils ont également entendu assez distinctement les bruits des hélicoptères et des drones de l'armée française, engagée dans l'opération Serval. Ils étaient également aux "premières loges" pour apprendre en temps réel la mort d'Abou Zeid, l'un des ex-chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Des tentatives d'évasion. Racontant le voyage de retour en avion en leur compagnie, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a expliqué sur France 2 que les otages avaient parlé "de tout ce qu'ils avaient vécu" et notamment "des tentatives d'évasion" de 48 heures de Daniel Larribe et Thierry Dol. "Dans l'avion, ils se sont mis à parler l'un après l'autre, un peu dans le désordre de tout ce qu'ils avaient vécu, de la manière dont ils avaient essayé de se repérer, de leurs conditions de logement, de la nourriture, des tentatives d'évasion", a détaillé le ministre, qualifiant l'atmosphère de ce voyage retour d'"intime".
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