Les négociations sont au point mort. Deux ans quasiment jour pour jour après leur enlèvement, les quatre otages français kidnappés à Arlit au Niger, sont toujours aux mains de leurs ravisseurs, membres de l’organisation terroriste Al-Qaïda. Leur libération serait bloquée par la somme astronomique réclamée par les terroristes. Ces derniers demandent 90 millions d’euros, selon les informations recueillies par Europe 1.
Le sort de Daniel Larribe, Pierre Legrand, Marc Féret et Thierry Dole a brusquement dérapé dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010 près d’Arlit, dans le nord du Niger. Le lotissement occupé par les salariés du groupe Areva, qui extrait dans la région l’uranium nécessaire aux centrales nucléaires françaises, est pris d’assaut par un groupe armé vers 3 heures du matin.
Pourquoi une telle rançon ? Al-Qaïda au Maghreb a, en fait, d'énormes besoins financiers. L'organisation contrôle désormais tout le Nord du Mali et doit donc gérer un territoire grand comme la France sur lequel elle doit fournir de l'électricité ou encore faire fonctionner une administration. Tout cela lui coûte extrêmement cher et Aqmi n'a aucune autre source de revenus que les rançons des otages qu'elle enlève.
Des négociations bloquées
Cette situation explique aussi l'extrême fermeté de la France dans ces négociations. François Hollande, qui recevra les familles des otages à 10 heures à l'Elysée, estime qu'il n'est pas possible que la France, en versant d'énormes rançons, finance, dans les faits, la création d'un petit émirat radical, au Sahel, de type taliban où les terroristes pourraient agir en toute impunité. Une ligne qui rend difficile les négociations avec les ravisseurs, des négociations qui seraient désormais quasiment stoppées.
Dans la vidéo diffusée le 8 septembre, l'un des otages, Daniel Larribe fait allusion à cette rançon, indiquant que pour les faire libérer, "il y a peut-être un prix fort à payer". Un porte-parole du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupe le nord du Mali, a affirmé qu'une rançon de 15 millions d'euros lui avait été payée pour la libération, mi-juillet, de trois otages européens détenus depuis octobre 2011.
Un chef d'Aqmi versatile
Autre difficulté dans ce dossier : "la versatilité d'Abou Zeid, le chef d'Aqmi qui détient les quatre Français", estime le responsable de la sécurité d'un pays du Sahel. "Abou Zeid est tantôt prêt à discuter, tantôt il ferme les portes, comme si le temps jouait en sa faveur, sans oublier qu'il prend aussi un peu les otages comme des boucliers pour éviter un éventuel bombardement de ses bases", ajoute cette source.