Otages : un "débriefing" bien rodé

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ZOOM - Le débriefing, par les services de renseignements, se déroule en deux temps, selon un protocole bien précis.

Après avoir passé trois ans aux côtés de leurs ravisseurs, les quatre otages français libérés mardi vont maintenant être interrogés par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). C’est ce qu’on appelle, dans le jargon du renseignement, un "débriefing". Une procédure habituelle lorsque des otages recouvrent la liberté.

>> Mathieu Guidère, spécialiste du renseignement et de la géopolitique, détaille, pour Europe 1.fr, le déroulement de ces entretiens.

. Le premier débriefing sur le terrain : quelques heures après la libération.

La sécurité des otages. Les otages, à peine récupérés, sont soumis à un premier débriefing. Celui des quatre Français libérés mardi a eu lieu à Niamey, au Niger, où ils ont été accueillis par les ministres des Affaires étrangères et de la Défense. Ce débriefing est strictement opérationnel, c’est-à-dire qu’il consiste à s’assurer que les otages ne sont pas placés sur écoute par les ravisseurs, qu’ils ne sont pas soumis à du chantage ou encore utilisés comme appâts. L’objectif est de s’assurer de leur sécurité dans l’immédiat.

Le bien-être psychologique. Puis, ils sont débriefés  psychologiquement. L’objectif est, là, de rassurer les otages. Il est difficile, après trois ans de captivité, de réaliser ce qui est en train de se passer. Il faut donc que des psychologues ou des psychiatres leur assurent que le cauchemar est terminé, qu’ils sont libres, qu’ils ne dépendent plus de leurs ravisseurs. Hervé Ghesquière, ancien otage en Afghanistan, racontait mardi sur Europe 1 la difficulté de réaliser que "tout cela est terminé".

La communication des otages. La troisième phase de ce premier débriefing consiste à indiquer aux otages libérés ce qu’ils ont le droit, ou pas, de dire, d’un point de vue juridique. Certaines informations relèvent, en effet, du secret-défense, d’autres du terrorisme. Il faut donc que chacun sache ce qu’il ne peut pas raconter.

. Le deuxième débriefing : lors du retour en France. Donc, dans le cas des quatre otages français, ce mercredi après-midi.

La santé des otages. Après avoir retrouvé leur famille, les ex-otages sont reçus par des médecins, des psychiatres avec qui ils vont échanger. Ils vont leur dire tout ce qu’ils ont sur le cœur, livrer leurs peurs, leurs craintes, leurs pires souvenirs. L’idée est que les otages puissent raconter, évacuer tout ce qu’ils ont envie de dire.

Les informations potentielles. Deuxième temps de ce débriefing : les questions posées par la DGSE. Ici, il s’agit pour les renseignements français d’obtenir un maximum d’indications sur  la localisation des lieux de détention, l’identité des ravisseurs, l’organisation de ces derniers, leurs installations. Les otages, au cours des trois dernières années, les ont côtoyés au quotidien. Ils ont donc pu amasser un certain nombre de renseignements précieux sur eux. Ces indications pourraient permettre, ensuite, d’identifier les ravisseurs et d’ouvrir une information judiciaire contre eux afin qu’ils soient jugés et condamnés.

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