Après un an et demi de captivité, les deux journalistes français, Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, otages en Afghanistan, ont été libérés mercredi et sont rentrés en France jeudi matin. L’Elysée et le Quai d’Orsay n’ont donné aucune précision sur les conditions de cette libération. Europe 1.fr passe en revue les principales questions qui l’entourent.
Pourquoi maintenant ? D’abord parce que les talibans ne voulaient plus de ces otages de plus en plus encombrants. Les opérations militaires françaises et américaines avaient lieu de plus en plus près du lieu de détention, notamment après la chute d’un hélicoptère américain, et les pertes commençaient à s’accumuler dans le camp des ravisseurs. Selon parismatch.com, le commandant taleb Qari Baryal, en charge du groupe qui détenait les deux journalistes, avait donc fait savoir à la à la choura - assemblée surpême des talibans - basée à Quetta, au Pakistan, qu’il voulait clore le dossier au plus vite.
Comment s’est déroulée la libération ? Les talibans locaux ont fait descendre à pied dans la nuit de mardi à mercredi Stéphane Taponier, et Hervé Ghesquière de la région montagneuse où ils étaient détenus jusqu'à une zone où ils pouvaient faire fonctionner des téléphones portables. Les reporters ont ensuite été remis aux forces spéciales afghanes, qui les ont elles-mêmes confiés à des membres de la Direction générale de sécurité extérieure (DGSE). Après avoir rejoint la base militaire française de Tagab, ils ont été acheminés par hélicoptère à l'ambassade de France à Kaboul.
Cette libération était-elle attendue ? Les négociations pour obtenir la libération des deux otages s’étaient accélérées ces derniers mois et particulièrement depuis le 24 juin. Les conditions "matérielles" de leur libération étaient réglées depuis janvier, mais selon Didier François, chef du service étranger d’Europe 1 et spécialiste des questions militaires, il restait des blocages au niveau de la choura de Quetta, au Pakistan, la direction taliban menée par le mollah Omar. Depuis une semaine, cette libération était acquise par la France. Le président de Reporters sans frontières était à Kaboul il y a 48 heures et avait, dit-il, obtenu des négociateurs, l’assurance que "les négociations étaient terminées".
Y-a-t-il eu une rançon ? Interrogé sur les circonstances de la libération de deux journalistes français, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a affirmé mercredi que "la France ne paie pas de rançons". Egalement interrogé sur ce même point, le nouveau ministre de l’Economie François Baroin a assuré que "la réponse est non" et qu'elle était "sans ambages". Un peu plus tôt dans la journée, le ministre de la Défense Gérard Longuet avait indiqué, quant à lui, au Monde.fr qu’il "ne pensait pas" qu'une rançon ait été versée.
Selon Le Parisien de jeudi pourtant, une rançon a bien été versée. La somme a ensuite été divisée entre les trois parties avec lesquelles les négociateurs ont traité : les ravisseurs locaux, des Afghans de l'ethnie Pachaï, le commandement régional taliban, basé à Peshawar, au Pakistan, et la choura de Quetta. Selon parismatch.com, les talibans, auraient finalement revu leurs exigences financières à la baisse. Preuve qu'ils voulaient se débarrasser au plus vite de leurs otages.
Quelles ont été les contreparties ? Sur France 2, Alain Juppé a refusé de dire s'il y avait eu des contreparties à ces libérations, notamment concernant l'élargissement (NDLR : libération) de chefs talibans actuellement détenus par le régime de Kaboul, pour ne pas nuire aux négociations sur le sort des 8 autres otages français encore détenus dans le monde. Parismatch.com avance que là encore, les ravisseurs ont vu leurs exigences à la baisse, en ne réclamant la libération que de deux des leurs, contre quatre auparavant : le maulavi Ihsanullah, capturé blessé en janvier dernier dans le district de Tagab, en Kapisa, et Mohamad Yunus, un important taleb.