Soupçons ou certitudes ? "Nous avons des indications sur l’utilisation d’une substance chimique industrielle toxique". L’accusation du porte-parole du département d’Etat américain Jen Psaki est claire. Pour Washington, malgré le processus de désarmement engagé par le régime syrien, les troupes de Bachar al-Assad continuent à utiliser des armes chimiques. A l’origine de l’accusation, des opposants au régime qui ont déclaré avoir vu les forces gouvernementales larguer du gaz chloré sur le village de Kfar Zeïta, à la frontière du Liban. Six mois après les accords internationaux, Europe1.fr fait le point sur le processus de désarmement en Syrie.
L’accord initial. Après les bombardements au gaz sarin en août 2013, la communauté internationale mettait la pression sur Damas. Trois semaines plus tard, la Syrie adhèrait à l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC), et acceptait du même coup le processus de désarmement. Le 27 septembre, la résolution 2118 fixait une première échéance : l’évacuation complète des substances chimiques au 31 décembre. Date-butoir repoussée depuis au 27 avril 2014.
Où en est-on aujourd’hui ? A l’heure actuelle, le processus d’évacuation est achevé à 80%. La Syrie ne dispose plus que de 5 jours avant la date butoir fixée pour une évacuation complète des substances chimiques détenues dans le pays. Mais pour Christian Chartier, porte-parole de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques joint par Europe1.fr, l’essentiel n’est pas le respect formel de la date fixée mais bien que "la pression diplomatique demeure pour que les produits sortent". L’officiel ajoute que "sous l’effet de cette pression, le régime a pris le taureau par les cornes et se montre coopératif."
Des pressions diplomatiques bénéfiques. Si au cours du mois de février, la communauté internationale, John Kerry et Laurent Fabius en tête, ont jugé "inacceptable" que le régime "freine sur la destruction des armes chimiques", ces mises en demeure relèvent plus du rapport de force diplomatique que d’un potentiel engagement militaire. Les puissances occidentales ne désirent pas s’engager dans un conflit armé en Syrie, c’est pourquoi "même si le processus n’est terminé, par exemple qu’à 92% au 27 avril", Christian Chartier voit mal "le Conseil de Sécurité décider de bombarder le pays".
Et sur le terrain ? D’autant plus que "les comptes-rendus de nos inspecteurs rapportent que les autorités ont toujours coopéré." Sur les 23 sites chimiques déclarés par la Syrie, seuls deux n’ont pas été investis par les observateurs de l’OIAC pour des raisons de sécurité liées au conflit. Mais sur ces lieux de stockage, l’OIAC a demandé aux Syriens de filmer l’évacuation avec des caméras sécurisées et munies d’un GPS. Finalement, pour Christian Chartier, l’enjeu actuel relèverait plus du contrôle industriel. Un travail en amont indispensable pour s’assurer que les produits chimiques civils ne soient pas adaptés à des fins militaires.
Et si les délais n’étaient pas respectés ? Quand bien même les puissances mondiales voudraient intervenir sous mandat onusien, elles ne le pourraient pas. En effet, si les délais ne sont pas tenus, même si la résolution 2118 du 27 septembre dernier prévoit d’autoriser le recours aux sanctions par l’ONU, pour Damas, le risque d’une intervention est minime. Il faudrait en effet que le Conseil de Sécurité vote une deuxième résolution dans le cadre du chapitre VII de la charte des Nations-Unies qui autorise le recours à la force. Or, la Russie, alliée de Damas, a déjà utilisé trois fois son droit de veto depuis le début du conflit.
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