Vingt-huit ans après la Falklands War, les Malouines sont à nouveau au cœur de tensions entre l’Argentine et la Grande-Bretagne. Cette fois, la pomme de discorde est le pétrole. Londres a lancé lundi un premier forage au large des îles situées à moins de 500 kilomètres des côtes argentines.
Mais Buenos Aires, malgré la défaite militaire de 1982, continue de revendiquer la souveraineté sur le petit territoire (12.173 km²), et estime donc que les ressources pétrolières lui reviennent de droit. La présidente Kirchner a récemment publié un décret requérant une autorisation pour les navires traversant ses eaux pour se rendre aux Malouines afin de contrer l’initiative anglaise. Mais rien n’y a fait.
Offensive diplomatique
Les motivations des deux pays semblent donc d’abord d’ordre financier, là où elles n’étaient que politiques il y a 28 ans. Selon la BBC, la réserve estimée de pétrole sans la zone pourrait avoisiner les 60 milliards de barils. Néanmoins, un porte-parole de la Desire Petroleum, la compagnie pétrolière en charge des opérations, estime sur le site internet de la radio anglaise que les quantités commercialisables devraient être très inférieures.
Et la presse britannique de s’inquiéter des conséquences de cette crise, qui pourrait dépasser le cadre bilatéral. Le Times indique que l’Argentine s’apprête à lancer une offensive sur le terrain diplomatique pour réclamer la souveraineté sur les Malouines. Buenos Aires devrait en appeler aux Nations-Unies et au groupe de Rio, une organisation de pays sud-américains.
"Les empires, c’est fini"
Le Venezuela s’est d’ailleurs invité dans le débat, par la voix de l’inévitable Hugo Chavez. "Angleterre, jusqu'à quand vas-tu rester aux Malouines ? Reine d'Angleterre, je te parle à toi, reine d'Angleterre, les empires c'est fini, tu ne t'en es pas rendu compte reine d'Angleterre ? Rendez les Malouines au peuple argentin", a lancé le chef de l’Etat au cours de son programme radiotélévisé dominical "Alo presidente", après avoir prévenu que l’Argentine "ne sera pas seule" en cas de nouvelle guerre.
Dans un éditorial, le Guardian estime qu’"il est temps pour les deux (pays) de grandir. La quotidien s’interroge sur les motivations de son pays de "maintenir 1.000 soldats, et une escouade d’une valeur de 300 millions de livres pour défendre 3.00 personnes et 500.000 moutons, au nom d’une revendication qui ne résiste pas particulièrement à la réalité historique." Le Guardian résume sa position en rappelant la phrase du poète argentin Jose Luis Borges après le conflit de 1982 : "La guerre des Malouines était une bataille entre deux hommes chauves pour un peigne."