Les États-Unis ont annoncé dimanche par la voix de son secrétaire d'Etat, John Kerry, que négocier avec Bachar Al-Assad était envisageable. Alors que la France estime que ce serait faire un cadeau à l'organisation Etat islamique, Bernard Kouchner, ancien ministre des Affaires étrangères, avance mardi que négocier avec le dictateur syrien est une proposition "scandaleuse" alors qu'il n'existe "pas de solution politique pour le moment".
Ménager l'Iran et la Russie. Pour l'ancien ministre des Affaires étrangères, la proposition de négocier des Américains n'est pas tant une perche tendue à Al-Assad qu'une porte ouverte à ses alliés : la Russie mais aussi l'Iran avec qui, d'ici mars, les négociations sur le nucléaire devraient aboutir. Cela reste cependant une proposition "un peu scandaleuse" de la part des États-Unis. L'intervention militaire déjà écartée en août 2013 prouve, selon Kouchner, que les Américains, déjà, ne voulait fâcher ni les Iraniens, ni les Russes.
"Une solution politique". "La diplomatie, c'est d'appliquer avec talent les positions politiques", avance-t-il. Quelles sont celles de la France ? Avec tant de morts et de réfugiés, "Al-Assad a perdu et son peuple et son pays, sans gagner la guerre". Selon lui, ce n'est pas acceptable de négocier "sans solution politique pour le moment".
"Il faut la paix ou il faut la guerre ?", interpelle-t-il. "Il y a un Moyen-Orient complètement éclaté, il n'y a plus d'Irak, il n'y a plus de Syrie, il y a une alliance choisie par Obama avec le monde chiite, c'est-à-dire l'Iran et le Hezbollah", explique-t-il. Et si un accord est trouvé avec les Iraniens sur la question du nucléaire, ce sera une victoire pour les Etats-Unis. Après, "ça évoluera, nous verrons".
Parler à Al-Assad ? "Nous verrons bien". Il n'y a pas de doute pour Kouchner, "il faut arrêter cette guerre" mais tout en prenant en compte les réfugiés qui ne veulent as de négociations avec leur bourreau", qu'est Al-Assad. Mais "à un moment donné, il faudra trouver une solution pour que Monsieur Bachar Al-Assad s'en aille". "Est-ce en parlant à Bachar ? Nous verrons bien". Il ne faut pas être naïf, ajoute-t-il réaliste. L'organisation Etat islamique recule et "si on avait plus aidé les Kurdes, on aurait pu peut-être se débarrasser du problème beaucoup plus facilement", reconnaît-il.
>> LIRE AUSSI - Quatre parlementaires français ont rencontré Assad
>> VIDÉO - Autour du monde : faut-il réintégrer Assad ?
>> VIDÉO - Contre l'Etat islamique, "tout sauf une alliance avec Assad"