Le projet a été annulé à la dernière minute. Trois députés de l’UMP, qui devaient se rendre en Côte d’Ivoire le week-end dernier, en avaient été dissuadés par l’Elysée, révèle mardi Libération.
Jean-François Mancel (député de l’Oise), Cécile Dumoulin (députée de Mantes-la-Jolie) et Yves Censi (député de l’Aveyron), devaient s’envoler samedi dernier pour Abidjan, sur invitation du président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Koulibaly, connu pour être peu francophile.
Durant son séjour de deux jours, la délégation devait rencontrer Laurent Ggagbo, le président sortant de Côte d’Ivoire, qui refuse de céder son poste à Alassane Ouattara, pourtant considéré par la communauté internationale comme le président démocratiquement élu. Une réunion était également prévue avec Paul Yao N’dré, le président du Conseil constitutionnel (fidèle à Laurent Gbagbo). Etaient aussi prévus des entretiens avec le chef de la diplomatie, Alcide Djédjé, et avec Charles Blé Goudé, le leader des Jeunes Patriotes, maintenant ministre. Une heure avait été réservée à une entrevue avec les représentants de l’ONU et de la force française Licorne.
Le courroux de l’Elysée
La visite des trois élus français devait s’effectuer relativement discrètement. Or, écrit Libération, une "fuite intempestive" véhiculée par la Lettre du continent a compromis la mission. Informé de l’existence de la délégation, le conseiller pour les questions africaines de Nicolas Sarkozy, André Parant, avait alors alerté le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant. Le chef de l’Etat, mis au courant à son tour, aurait alors sommé le patron du groupe parlementaire UMP, Christian Jacob, de faire annuler le voyage.
Une telle visite aurait en effet pu nuire à la crédibilité de la diplomatie française, dans le sens où elle risquait de court-circuiter la politique étrangère de la Paris, qui soutient Alassane Ouattara et le reconnaît comme président légitime de la Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’ancien secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, Yves Jégo, qui figurait initialement sur la liste des participants, dit avoir décliné l’invitation.
Un "risque évident d’exploitation"
Christian Jacob a reconnu mardi, lors de son point de presse hebdomadaire, qu’après avoir reçu un coup de téléphone d'un conseiller de l'Elysée, il avait appelé les parlementaires pour leur faire part des fortes réticences de la présidence. "Après une discussion, ils ont convenu de renoncer à ce déplacement", a-t-il expliqué. Les trois élus avaient alors pointé "un programme de travail qui paraissait déséquilibré."
Selon le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, les trois élus UMP "partaient dans l'esprit de porter un regard le plus objectif possible sur la situation ivoirienne". Or, a-t-il argumenté, "il y avait un risque évident d'exploitation là-bas sur place".