Ne vous fiez pas à son passé d'enfant de chœur. Sous ses airs presque juvéniles, Paul Ryan, le colistier choisi par le quasi-officiel candidat républicain à la Maison-Blanche, Mitt Romney, est un vieux roublard de la politique. L'énergique représentant du Wisconsin a déjà passé la moitié de sa vie au Capitole, le siège du Congrès américain. Sa désignation comme colistier de Mitt Romney confirme le virage à droite de la campagne républicaine.
Mercredi soir, il sera la vedette de la convention du "Grand Old Party", le surnom du parti républicain, à Tampa, où il doit prononcer un discours. Mitt Romney, qui voit en lui un "leader intellectuel" du parti, espère que Paul Ryan lui permettra de gommer son image de modéré afin de séduire la base républicaine, très conservatrice.
Un enfant qui a "grandi très vite"
Cet homme sportif au physique élancé, désigné "plus sexy des candidats à la vice-présidence à s'être jamais présenté" par le site people TMZ, est en effet la coqueluche du Tea Party. Cette frange très à droite des conservateurs a notamment apprécié son coup d'éclat de janvier 2010, quand il a fait parler de lui avec un projet de réforme du code fiscal et d'élimination du déficit fédéral. Son idée : réformer de façon drastique le programme Medicare, qui fournit une sécurité sociale aux Américains de plus de 65 ans.
Aujourd'hui âgé de 42 ans, Paul Ryan est un enfant qui a "grandi très vite". Originaire de Janesville dans le Wisconsin, où sa famille est implantée depuis des générations, sa vie bascule à l'âge de 16 ans quand il découvre le corps de son père sur son lit, mort d'une crise cardiaque. Le lycéen sérieux se referme alors sur lui-même et se plonge notamment dans les ouvrages d'Ayn Rand, théoricienne du capitalisme.
Réélu sept fois à la Chambre
A seulement 19 ans, il fait son entrée dans le monde politique, qu'il n'a plus quitté depuis. D'abord assistant de plusieurs sénateurs et représentants, il est lui-même élu à la Chambre moins de dix ans plus tard. Réélu sept fois depuis, il préside aujourd'hui la puissante commission du Budget à la chambre basse.
Marié et père de trois enfants, fervent catholique, il se montre très conservateur sur les questions de société, notamment sur l'avortement. Il souhaite en effet l'interdire, y compris en cas de viol, une position partagée par le parti républicain.
"Chasseur de cerf"
Lui qui veut "sauver le rêve américain" se pose aussi en représentant de l'Amérique des petites villes, par opposition à Barack Obama, l'homme de Chicago analyse le site Politico. Lors d'un déplacement en Pennsylvanie la semaine dernière, il a fait référence aux propos du président, qui avait dit en 2008 que dans les zones rurales de Pennsylvanie, les gens "devenaient amers et s'accrochaient à leurs armes ou à la religion".
"Je suis un catholique, chasseur de cerfs", a lancé Paul Ryan, qui aime chasser avec un arc et des flèches, ajoutant qu'il était "heureux" de "s'accrocher à ses armes et à sa religion". Un discours qui n'est pas sans rappeler celui de Sarah Palin, la colistière de John McCain en 2008, choisie pour redonner un élan à un candidat jugé trop terne. Reste à savoir si contrairement à elle, Paul Ryan évitera les gaffes, pour ne pas plomber la campagne de son candidat.