L’INFO. Tous les enfants néerlandais le connaissent : Pierre-le-Noir, ou "Zwarte Piet" est le fidèle serviteur de Saint-Nicolas, le débonnaire patron des écoliers qui distribue des bonbons et des cadeaux aux enfants.La Saint-Nicolas, fêtée le 6 décembre, est célébrée dans plusieurs pays du nord et de l'est de l'Europe, ainsi que dans le nord et l'est de la France. Aux Pays-Bas, elle est tellement importante que l’arrivée du saint est retransmise chaque année à la télévision. Mais cette année, Sinterklaas, son nom en néerlandais, se retrouve au cœur d’une controverse dont il se serait bien passé : certains, au premier rang desquels le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, estiment que le personnage de Pierre-le-Noir est un stéréotype raciste.
Saint-Nicolas, un esclavagiste ? Selon la tradition, Saint-Nicolas arrive d’Espagne par bateau pour rendre visite aux enfants des Pays-Bas, juché sur son cheval blanc et accompagné de son fidèle serviteur, Pierre-le-Noir. Ce personnage au visage peint en noir porte un costume médiéval et une perruque afro. Il existe aussi dans la tradition belge et sous d'autres formes, moins controversée, dans les autres pays observant la Saint-Nicolas. Lors des défilés organisés dans les villes néerlandaises, on peut en général voir plusieurs "Zwarte Piet" parader.
Un défilé pour la Saint-Nicolas à Amsterdam :
Mais depuis quelques années, des voix s’élèvent pour protester contre une tradition jugée raciste. L’artiste Quinsy Gario a ouvert le bal il y a deux ans en portant un t-shirt avec cette inscription : "Pierre-le-Noir est raciste", rapporte le New York Times, précisant que ce coup d’éclat lui a valu à l’époque une arrestation musclée.
Une enquête de l’ONU. La polémique aurait pu en rester là. Sauf que cette année, l’ONU est venue mettre son grain de sel en réclamant au pays des explications sur "Zwarte Piet", par la voix de la Jamaïcaine Verene Shepherd, président d’une commission du Haut commissariat aux droits de l’Homme. Une enquête a même été ouverte et Verene Shepherd doit se rendre aux Pays-Bas pour y observer la tradition par elle-même. "Le groupe de travail ne comprend pas pourquoi les gens aux Pays-Bas ne peuvent pas voir qu’il s’agit d’un retour à l’esclavage et qu’au XIIe siècle, cette pratique devrait cesser", a-t-elle expliqué à la télévision néerlandaise.
Une manifestation anti-"Zwarte Piet" :
La riposte s’organise. Mais les Néerlandais ne semblent pas prêts à abandonner leur cher "Zwarte Piet". Des manifestations ont été organisées pour que le personnage survive. Sur Facebook, une page de soutien a été lancée. En trois semaines, elle a recueilli plus de 2,1 millions de "like", une performance dans un pays qui compte 16,7 millions d’habitants. Et une aubaine pour l’extrême-droite néerlandaise, note le Washington Post, puisque le leader nationaliste Geert Wilders s’est empressé de voler au secours du serviteur de Saint-Nicolas, assurant qu’il préférerait éliminer l’ONU plutôt que "Zwarte Piet".