Petits moyens pour le procès "hors-normes" de Luka Magnotta

Luka Magnotta est jugé à partir de lundi à Montréal.
Luka Magnotta est jugé à partir de lundi à Montréal. © REUTERS
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JUSTICE - Le procès du dépeceur de Montréal s’ouvre lundi au Cananda, dans une salle minuscule.

Sur le papier, c’est un procès hors-normes qui s’est ouvert lundi à Montréal. Luka Rocco Magnotta, alias le "dépeceur de Montréal", accusé d’avoir tué et dépecé un étudiant chinois en 2012, avant d’envoyer certains de ses membres à diverses cibles par la poste, a comparu pour la première journée au palais de justice de Montréal. Devant la cour, il a plaidé "non coupable" après avoir pourtant reconnu les faits. Il faudra donc savoir si le Canadien était maître de ses actes au moment des faits. Au Canada – et ailleurs – "l’intérêt médiatique est énorme" dans ce dossier sordide, explique à Europe 1 Michael Nguyen, spécialiste des affaires judiciaires au Journal de Montréal. Mais la justice canadienne insiste sur le fait qu’il s’agit d’une affaire "comme les autres". 

Un crime horrible et une cavale en Europe. Souvenez-vous : l’affaire commence dans la nuit du 24 au 25 mai 2012, quand, selon l’accusation, Luka Magnotta, 32 ans, ancien acteur porno, tue son ex-petit ami, Lin Jun, à coups de pic à glace, avant de le dépecer. La scène, filmée, est diffusée sur Internet. Et l’horreur ne s’arrête pas là : Luka Magnotta est accusé d’avoir ensuite envoyé des morceaux du cadavre dans tout le pays, y compris au bureau du chef du gouvernement. 

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Au moment de la réception de ces sinistres colis, Luka Magnotta était déjà loin : dès le lendemain du crime, il avait embarqué pour Paris. C’est n’est que le 4 juin 2012 que sa cavale a pris fin, à Berlin, où il a été arrêté, après avoir été reconnu dans un café Internet. L’homme a ensuite été extradé vers le Canada.

PROCES MAGNOTTA 1280

© Reuters

Des candidats jurés pas enchantés. Depuis, Luka Magnotta dort en prison. Ceux qui l’ont vu assurent qu’il a pris du poids. Poursuivi pour cinq chefs d’accusation, il a plaidé non-coupable et risque la prison à vie. En raison du sordide de l’affaire, son procès risque de choquer. Le juge Guy Cournoyer a d’ailleurs prévenu : la vidéo du meurtre ne sera pas projetée, mais il y aura des éléments de preuves "choquants et perturbants" qui risquent de "déranger" les jurés. 

Ceux-ci ont été sélectionnés sur des critères drastiques : bilinguisme obligatoire, car Luka Magnotta est anglophone, et impartialité. Pas évident dans une affaire qui a fait les gros titres de la presse et sur laquelle il est difficile de ne pas avoir une opinion. La sélection a donc été rude. Et les candidats jurés, sans doute pas enchantés à l’idée de juger une telle affaire, ont avancé des excuses plus ou moins valables, recensées par Michael Nguyen, de "j’ai deux proches qui ont été ‘brutalement tués’" à "je baragouine l’anglais, je sais dire yes, no, toaster". 

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Une salle minuscule. Ce qui est paradoxal, c’est que ce procès hors-normes, qui sera couvert par des journalistes du monde entier, va se dérouler dans une salle "minuscule". La salle d’audience ne compte en effet que 13 places pour le public, dont trois seront réservées à la famille et cinq aux journalistes. "Il y aura aussi deux salles de ‘débordement’ d’environ cent places" où les débats seront retransmis par vidéo, une mesure "rare, mais pas exceptionnelle", souligne Michael Nguyen, qui a suivi toute l’affaire et sera présent au procès. 

La situation n’est pas confortable pour les médias, poursuit-il, mais "pour la justice, cela montre qu’il n’y a rien de spécial". C’est aussi peut-être une façon d’éviter de faire de ce procès une tribune pour le désir de célébrité sordide de l’accusé. Car, analyse Michael Nguyen, "le but du procès, ce n’est pas de parler de la célébrité de Magnotta, mais de déterminer si la poursuite [l’accusation] a les preuves suffisantes pour justifier les accusations de meurtre prémédité". S’il est reconnu coupable, Luka Magnotta encourt la prison à vie.