L’INFO. Après le cataclysme, l’aide d'urgence s’organise. Le typhon Haiyan a ravagé le centre des Philippines, où l’état de catastrophe nationale a été déclaré. Les organisations humanitaires s’activent depuis vendredi pour tenter de porter secours aux très nombreuses victimes, dont le nombre n’est pas encore connu avec précision. Après une catastrophe d’une telle ampleur, les risques sanitaires sont évidemment importants. Mais ils ne sont pas forcément ceux auxquels on pourrait penser à première vue. Le point sur la question avec l'expertise de Hugo Tiffou, responsable du pôle Asie chez Médecins du Monde, et avec le Dr Claire Rieux, vice-présidente de Médecins sans frontières.
"L’épidémie n’est pas le premier risque"... "Honnêtement après un typhon, contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre, l’épidémie n’est pas le premier risque", précise Hugo Tiffou à Europe1.fr. Il faut d’abord soigner les blessés. "Il y a des personnes qui ont perdu leur toit au début du passage du typhon et pendant une demi-heure, une heure, elles ont été exposées à des vents de 300 km/h", souligne-t-il. Et puis, il y a aussi "tous les besoins de santé d’une population qui, tout d’un coup, se retrouve sans infrastructures médicales", explique aussi le Dr Claire Rieux, citant "accouchements compliqués", "appendicites" ou encore maladies nécessitant des traitements au long cours, comme le diabète.
... chaque pathologie devient une urgence vitale. Une fois les blessés soignés, "on va passer à des maladies finalement assez classiques" : affections ORL ou dermatologiques. "Quelqu’un qui vit au froid, avec des problèmes de dénutrition et d’accès à l’eau, sans abri, va être plus fragile à un rhume, une pneumonie", énumère Hugo Tiffou. On peut aussi retrouver "les mêmes épidémies que l’on trouve dans ces régions", comme la dengue, cette maladie transmise par les moustiques et qui donne des fièvres, voire des hémorragies. En revanche, le paludisme, également transmis par les moustiques, est "moins virulent" aux Philippines. Les médecins devront en outre être attentifs au développement du tétanos, contre lequel les enfants des îles Visayas, assez pauvres, sont peu vaccinés, note Médecins du Monde.
Le problème de l’eau. Autre sujet primordial d’inquiétude : l’eau. Car l’eau est "toujours le lit de certains microbes, en particulier tout ce qui est diarrhées", rappelle le Dr Claire Rieux, ajoutant : "s’il y a une stagnation d’eaux usées, surtout s’il n'y a a pas d’eau potable rapidement et que par malheur cette eau potable a été contaminée par un agent pathogène, c’est clair qu’on peut avoir un risque d’épidémie". Aux Philippines, une autre maladie, la leptospirose, transmise par l’urine de rat, est courante après les inondations. Or, si l’eau n’est pas saine, les rats risquent de prospérer et donc de transmettre cette pathologie qui "peut donner des fièvres au long court et des défaillances viscérales".
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Les troubles psychologiques. Après une catastrophe comme celle des Philippines, il ne faut pas soigner seulement les corps, mais aussi les esprits. "Il y a ceux qui auront pu enterrer leurs proches et ceux qui auront des disparus non retrouvés, et tous ceux qui, à la suite de ces événements violents, auront des manifestations d’ordre psychologique", insiste-t-on chez Médecins du Monde. Chez ces gens qui auront "perdu des êtres chers, leur maison, leur travail", assure aussi le Dr Claire Rieux, il y a aussi une vraie urgence et "un besoin de prendre en charge les troubles de santé mentale".
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