Il est loin d’être un novice. Le pilote de l’avion d’Asiana qui s’est écrasé samedi en atterrissant à l’aéroport de San Francisco, totalise plus de 9.000 heures de vol au sein de la compagnie sud-coréenne. Mais il n'a volé que 43 heures sur le Boeing 777, l'un des plus gros porteurs au monde, sur lequel il était encore en formation.
> L'INFO : Crash d'un Boeing 777 à San Francisco
"Il faut bien commencer un jour". Pour Bernard Chabbert, consultant aéronautique pour Europe 1, cette situation n’est "pas anormale". "Dans tous les métiers, il faut bien commencer un jour", souligne-t-il. Chez les pilotes, la formation initiale est complétée, tout au long de la carrière, par des formations sur la sécurité ou sur les nouveaux appareils. Lee Kang-Kuk, lui, est entré en 1994 chez Asiana, indique le New York Times, précisant que le pilote n’avait effectué que huit atterrissages aux commandes d'un 777, à Londres, Los Angeles et Narita, au Japon.
> A LIRE AUSSI : Les premières analyses après le crash
Un instructeur comme copilote. "Nos pilotes sont formés sur des simulateurs et suivent une formation avant de voler", a insisté le patron d’Asiana. "Quand un pilote de ligne découvre un nouvel avion en ligne, avec des passagers, il est accompagné d’un instructeur qui est là pour veiller au grain", décrit Bernard Chabbert. Dans la cabine de pilotage du Boeing 777, le pilote était donc supervisé par Lee Jeong-min, plus de 12.000 heures de vol à son actif, dont plus de 3.000 sur cet appareil.
> VIDÉO : Les images diffusées par CNN
Asiana, une "compagnie sérieuse". "Lorsqu’on est lâché sur un nouveau type d’avion, c’est un processus qui dure en général plusieurs semaines, voire plusieurs mois", indique Bernard Chabbert, ajoutant qu’au sein d’une compagnie "sérieuse" comme Asiana, "on ne change pas d’avion sans prendre un maximum de précautions".
Un aéroport "très exigeant". L’avion est "pilotable indifféremment par le pilote à gauche ou le pilote à droite", en l’occurrence le pilote ou l’instructeur chargé de le superviser. Lee Kang-Kuk a gardé les commandes du Boeing 777 au moment de l’atterrissage. Or, l’aéroport de San Francisco est l’un des "plus exigeants au monde au niveau du pilotage", explique Bernard Chabbert. Son terrain est "particulier", avec "des pistes parallèles à très faible distance" et "des pistes qui se croisent", et le trafic y est souvent "dense et chahuté". A tel point que les pilotes de certaines compagnies étrangères, comme Air France, vont jusqu’à faire une reconnaissance du terrain au simulateur. La difficulté de la piste peut donc être "un facteur aggravant pour un commandant de bord qui aurait pu être, en fonction du trafic du moment, un peu débordé", note Bernard Chabbert, pour qui "cela n’excuse pas la non-intervention de l’instructeur, qui était à côté de lui, et qui est justement là pour éviter qu’un problème se déclenche".