L'INFO. C'est une première judiciaire. La justice américaine a inculpé lundi cinq officiers de l'armée chinoise pour "piratage informatique" et "espionnage économique". "Cette affaire d'espionnage [...] représente les premières poursuites jamais engagées à l'encontre d'un acteur étatique pour ce type de piratage", s'est félicité le ministre américain de la justice.
Pékin apprécie peu. Un grand jury de Pennsylvanie, a inculpé cinq officiers chinois, "membres de l'Unité 61398 du Troisième département de l'Armée de libération du peuple", l'armée chinoise, a annoncé le ministre américain de la justice, Eric Holder. Pékin a immédiatement réagi, convoquant l'ambassadeur américain à Pékin. La Chine a dénoncé des accusations "absurdes", s'appuyant sur des "faits fabriqués" et qui mettent "en danger la coopération et la confiance mutuelle entre la Chine et les Etats-Unis".
Des membres de "l'Unité 61398". L'existence de l'Unité 61398 avait été révélée en février 2013 par la société américaine de sécurité sur internet Mandiant, qui travaille pour le gouvernement américain.
Mandiant avait pu suivre la trace de ces cyberattaques jusqu'à un immeuble de 12 étages dans les faubourgs de Shanghaï, qui abrite "des centaines, voire des milliers d'employés" travaillant pour cette unité de l'armée chinoise. Avec les inculpations révélées lundi, la justice américaine met "des visages et des noms derrière les claviers de Shanghaï", a lancé Eric Holder.
Des entreprises américaines visées. Les officiers poursuivis sont accusés d'avoir, entre 2006 et 2014, volé des secrets commerciaux. Les entreprises visées sont spécialisées dans l'énergie nucléaire ou solaire ou encore dans la métallurgie : Westinghouse, US Steel, Allegheny Technologies, Alcoa, ainsi que des filiales de la société SolarWorld.
En 2010 par exemple, "pendant que Westinghouse négociait avec une entreprise publique chinoise la construction de réacteurs nucléaires, les pirates volaient les plans de composants de ces réacteurs", a détaillé le ministre américain.
Les documents judiciaires citent également, parmi d'autres, le cas d'Alcoa qui discutait d'un partenariat avec une entreprise publique chinoise en février 2008 et qui a été victime à la même époque d'une attaque informatique au cours de laquelle ont été volés des milliers de courriels internes, dont certains évoquant ces discussions.
Selon le Washington Post, l'espionnage informatique chinois coûterait à l'économie américaine entre 24 et 120 milliards de dollars par an à l'économie américaine. "L'éventail des secrets commerciaux et autres informations sensibles volées dans cette affaire est important et exige une réponse agressive", a affirmé Eric Holder, selon qui le gouvernement américain "ne tolérera pas les actions d'aucun Etat qui cherche à saboter illégalement des sociétés américaines".
Washington n'est pas blanc comme neige. De son côté, Pékin se plaint aussi d'attaques informatiques organisées par les Etats-Unis. S'appuyant sur des documents fournis par Edward Snowden, la presse américaine a révélé au début de l'année que la NSA, la National security agency, avait pendant des années accédé aux archives des mails ainsi qu'à des documents internes du géant chinois des télécoms Huawei.
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