"Il y avait un brouillard un peu ocre dans le golfe d'Aden, la mer était calme... et là j'ai vu un bateau arriver à toute vitesse...": Bernadette Delanne a commencé lundi matin à raconter à la cour d'assises de Paris la prise d'otage du voilier Carré d'As. Il y avait en fait deux "barquasses" rapides et un "bateau mère", explique à la barre Bernadette Delanne, 63 ans, première à déposer devant la cour. Son mari, Jean-Yves, devait témoigner par la suite. Tous deux sont partie civile au procès qui a commencé le 15 novembre devant la cour d'assises des mineurs, qui juge six pirates présumés pour la prise d'otage du voilier Carré d'As en septembre 2008 au large de la Somalie. L'aventure s'était terminée dans le nuit du 15 au 16 septembre avec un assaut des forces spéciales françaises.
Le jour de l'attaque des pirates, au matin du 2 septembre, il y avait trois hommes dans la "première barquasse", trois dans la deuxième. Un des hommes est tombé à l'eau, un autre "tout petit, 40 kg", a réussi à monter à bord du voilier, a tiré au moins une fois. "Ils étaient tous armés, de fusils, de lance-roquettes", assure l'ancienne otage. Ensuite, les pirates étaient tout heureux de leur prise, utilisant la douche, les toilettes, le téléphone satellitaire pour appeler leurs familles, demandant que les Delanne leur fasse à manger... Le lendemain, ils demandaient une rançon de 4 millions de dollars, avant de leur proposer un jour plus tard un "discount" de 2 millions...
Lorsque l'assaut a été lancé par les commandos marine français, le couple s'est caché, elle dans un placard, lui dans les toilettes. "On a bien fait", a dit Mme Delanne, parce qu'au moins l'un des pirates ne leur aurait "pas fait de cadeau".