L'INFO. Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, inculpé du meurtre de sa petite amie au matin de la Saint-Valentin, été libéré sous caution vendredi. Telle est la décision prise par le tribunal de Pretoria. Oscar Pistorius a quitté le tribunal dans un véhicule avec des membres de sa famille.
"Je suis arrivé à la conclusion que l'accusé a présenté un dossier qui permet sa libération sous caution", a expliqué le juge, après avoir détaillé pendant près de deux heures les arguments de la défense et de l'accusation. Oscar Pistorius était alors en larmes. Le montant de la caution a été fixé à 85.000 euros.
Les procureurs, qui accusent Pistorius d'avoir tué sa compagne de sang froid, s'opposaient pourtant à une remise en liberté. La défense arguait pour sa part que l'athlète, star du monde paralympique et olympique, est trop célèbre pour avoir la moindre chance de se soustraire à la justice en fuyant son pays.
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Sa stratégie de défense. Oscar Pistorius, 26 ans, affirme qu'il a tué son amie Reeva Steenkamp par erreur, dans la panique, après l'avoir prise pour un cambrioleur caché dans les toilettes. La victime, qu'il fréquentait depuis novembre, était un mannequin assez connu en Afrique du Sud. Elle avait 29 ans. L'avocat de la défense Barry Roux s'est employé depuis mardi à discréditer le sérieux de l'enquête, dont le responsable Hilton Botha a été remplacé au pied levé jeudi quand on a appris qu'il était lui-même accusé de sept tentatives de meurtre.
Les enquêteurs, entre autres étourderies, n'ont pas mis de chaussures de protection sur les lieux du crime, n'ont pas vérifié les appels téléphoniques de l'accusé, ont oublié une douille tombée dans la cuvette des toilettes... "Je suis sûr que ça aurait pu être mieux mené", a admis à la barre le policier Botha, qui avait déjà reconnu que la version des faits de Pistorius était plausible. Dans sa plaidoirie jeudi, Me Roux a mis en cause "la faible qualité des preuves" étayant la thèse du meurtre prémédité évoqué par le ministère public, fustigeant "les lacunes catastrophiques du dossier du parquet". Mais à l'audience vendredi, le conseil de l'athlète a reconnu que son client risquait d'être condamné pour homicide volontaire, même s'il a plaidé jusqu'à présent la thèse de l'accident. "Parce qu'il a agi au-delà de ce qu'une personne raisonnable aurait fait, il risque d'être condamné pour homicide volontaire", a ainsi concédé l'avocat.
Ces éléments qui l'accablent. L'accusation doute de la version d'Oscar Pistorius, relevant qu'il s'était disputé avec son amie juste avant les faits, ce que la défense conteste. Le procureur Gerrie Nel s'est en particulier demandé pourquoi la victime aurait pris avec elle deux téléphones portables, retrouvés par terre sur les lieux du crime, pour aller aux toilettes à trois heures du matin. Il se demande aussi pourquoi Pistorius ne l'a pas réveillée, ou ne s'est pas assuré de sa présence, alors qu'il s'est précipité pour prendre son arme sous le lit, se sentant en danger après avoir perçu un bruit dans les toilettes. Il a en outre souligné qu'en tirant quatre coups de feu, Oscar Pistorius avait la volonté de tuer.
Le juge Desmond Nair lui-même a fait part de ses doutes. Il a demandé jeudi pourquoi Pistorius n'a pas été troublé par le silence de Reeva quand il lui a demandé de téléphoner à la police pour signaler la présence de cambrioleurs. Il a aussi évoqué un récent incident dans un restaurant de Johannesburg en janvier, lorsque Pistorius a tiré un coup de feu en public: "Il y a des preuves que l'accusé a intrigué après le coup de feu en demandant à quelqu'un de porter le chapeau", a-t-il souligné.
La contre-offensive du procureur. "Il ne l'a pas dit, mais il doit savoir qu'il devrait être condamné. Il doit réaliser qu'une longue peine de prison est presque garantie", a déclaré vendredi matin le procureur Gerrie Nel dans son réquisitoire en forme de contre-offensive.
Le magistrat a déploré qu'Oscar Pistorius n'ait pas admis avoir causé la mort de sa compagne. "Je n'ai vu nulle part (...) je n'ai pas entendu: 'j'admets que j'ai causé une mort illégalement", a-t-il lancé, estimant que les pleurs de l'athlète depuis mardi au tribunal relevaient plus de l'apitoiement sur lui-même que du remords.
L'avocat du champion handisport Oscar Pistorius a reconnu vendredi que son client risquait d'être condamné pour homicide volontaire, même s'il a plaidé jusqu'à présent la thèse de l'accident. "Parce qu'il a agi au-delà de ce qu'une personne raisonnable aurait fait, il risque d'être condamné pour homicide volontaire", a estimé l'avocat Barry Roux devant le tribunal d'instance de Pretoria, avant de plaider la libération sous caution de l'athlète.