Roman Polanski est libre. La justice suisse a refusé l‘extradition aux États-Unis du cinéaste franco-polonais, qui était poursuivi pour avoir eu des relations sexuelles avec une mineure, il y a 23 ans.
Le 10 mars 1977, le réalisateur de Rosemary’s baby, alors âgé de 43 ans, a une relation sexuelle avec Samantha Geimer, une jeune fille de 13 ans, après une séance photos chez l’acteur Jack Nicholson. Les parents de l’adolescente portent plainte, et Roman Polanski fait l’objet d’un procès pour viol en Californie, où se sont déroulés les faits. Coupable de détournement de mineure, il est condamné à trois mois de prison pour subir des tests psychiatriques.
Libéré fin 1977, il apprend qu’il risque 50 ans de prison aux États-Unis. C’est alors qu’il décide de fuir la justice américaine et de se réfugier à Paris, en janvier 1978. Depuis cette date, il peut se déplacer librement partout en Europe.
Absent aux Oscars
On reparle de l’affaire Polanski en 2003, lorsqu'il reçoit l’Oscar du meilleur réalisateur pour le film Le Pianiste, avec Adrian Brody. Absent à la cérémonie, car il ne peut pas se rendre aux États-Unis, il reçoit son prix un peu plus tard des mains de son ami Harrison Ford. La remise de ce prix suscite l’émoi Outre-Atlantique, où des associations de défense des droits de l’enfance ont protesté.
Trois semaines plus tôt, Samantha Geimer lui avait pardonné publiquement, tout en réitérant qu’il y avait bien eu viol en 1977.
Rattrapé par la justice en 2009
A la surprise générale, Roman Polanski est arrêté le 26 septembre 2009 à Zurich, où il devait recevoir un prix dans un festival de cinéma. Deux jours plus tard, alors que le cinéaste a refusé d’être extradé aux États-Unis pour répondre de ses actes, il reçoit le soutien de ses amis Martin Scorsese, David Lynch, ou encore Woody Allen. Mais les soutiens qui créent le plus la polémique sont ceux du chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, et surtout du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand.
Même si la victime de Polanski réclame l’abandon des poursuites contre le cinéaste, la justice américaine maintient son mandat d’arrêt. Roman Polanski a toutefois obtenu de la justice suisse une libération contre une caution de 3 millions d’euros, et une assignation à résidence dans son chalet de Gstaad, dans les Alpes suisses.
L’épisode Charlotte Lewis
Depuis cette date, Roman Polanski attendait la décision de la justice concernant une éventuelle extradition. L’affaire est relancée le 15 mai dernier, quand l’actrice Charlotte Lewis accuse Roman Polanski de l’avoir abusée sexuellement lors du tournage de Pirates, alors qu’elle avait 16 ans. Très vite, la presse anglaise pointe du doigt les contradictions de son témoignage, et l’avocat de Roman Polanski menace de la poursuivre en justice.
Mais le réalisateur de 76 ans peut encore une fois compter sur le soutien du monde la culture. Pendant le dernier festival de Cannes, une pétition est mise en ligne sur le site de Bernard-Henri Levy, un des fervents supporters du réalisateur, à l’initiative de Jean-Luc Godard. Dix cinéastes l’ont signée.