L’HOMME. Petro Porochenko, milliardaire ayant fait fortune est donné en tête dimanche soir du 1er tour de la présidentielle ukrainienne avec près de 56% des voix, selon un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote. Il devancerait largement Ioulia Timochenko, égérie de la Révolution orange et ex-Première ministre créditée de 12,9% des voix, selon ce sondage mené par un consortium de trois instituts de sondage ukrainiens et publié au moment de la clôture des bureaux de vote. Si son score de plus de 50% est officiellement confirmé, il sera élu dès le premier tour. Seul oligarque du pays à soutenir le mouvement de contestation du Maïdan à Kiev, ce "roi du chocolat" vu comme un homme de compromis va avoir la difficile tâche de réconcilier les Ukrainiens.
Entre "Willy Wonka"… C’est au chocolat que Petro Porochenko, 48 ans, doit sa fortune, aujourd’hui estimée à deux milliards de dollars. Après des débuts dans le commerce de graines de cacao dans les années 1990, l’homme originaire de l’ouest de l’Ukraine a créé le premier confiseur du pays, Roshen. A en croire le New York Times, ses bonbons seraient "les préférées des résidents d’ex-Union soviétique". Septième fortune du pays, il est aujourd’hui à la tête d’Ukrprominvest, un groupe qui compte, outre ses chocolateries, des usines de confection, une division automobile et une chaîne de télévision, note The New Republic. Lancée en 2003, Channel 5 est rapidement devenue la voix de l’opposition et, en décembre et janvier dernier, et a diffusé en direct, jour et nuit, des images du Maïdan à Kiev.
Petro Porochenko avec Ioulia Timochenko :
… et Che Guevara. Car Petro Porochenko a la particularité d’être le seul oligarque ukrainien à avoir soutenu le mouvement. Décrit par des commentateurs comme un croisement entre "Willy Wonka et Che Guevara", ce pro-européen a reconnu avoir fourni une aide matérielle aux manifestants. En guise de punition, Moscou a notamment interdit les importations de ses chocolats en Russie. Il en faut plus pour le faire plier : ses affaires subissent "une pression intenable" depuis plusieurs mois, mais il assure que c’est "le prix à payer pour l’indépendance du pays", note Le Point.
Ministre dans des camps différents. L’oligarque est en outre loin d’être un novice en politique. Élu député pour la première fois en 1998, le businessman s’est impliqué dans divers camps. Entre 2009 et 2010, il tient le ministère des Affaires étrangères, sous le président pro-européen Viktor Iouchtchenko. Puis il devient ministre du Développement économique et du commerce sous… Viktor Ianoukovitch. Petro Porochenko ne reste que quelques mois dans le gouvernement du président déchu, entre mars et novembre 2012, avant de retourner au camp de Viktor Iouchtchenko, tout en cultivant son indépendance.
Aux côtés de Vitali Klitschko :
Reçu à l’Elysée. Cette apparente propension au compromis explique peut-être sa popularité. Si la présidentielle était organisée fin mars, les Ukrainiens le placeraient largement en tête au premier tour, avec 24,9% des voix, devant les deux grandes figures de l’opposition, Vitali Klitschko (8,9%) et Ioulia Timochenko (8,2%), selon un sondage du Centre de recherches sociales et de marketing SOTSIS, l’institut international de sociologie et Kiev, le groupe sociologique Rating et le Centre Raoumkov.
Comme s’il cherchait déjà à se bâtir une stature d’homme d’Etat, Petro Porochenko avait été reçu en mars dernier à l’Elysée par François Hollande, en compagnie de Vitali Klitschko, ancien boxeur et figure de la contestation à Kiev.
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