"C'est un grand jour pour le peuple libyen". C'est par ces mots que Bernard-Henri Lévy, qui a toujours soutenu l'intervention militaire en Libye, a salué jeudi sur Europe 1 l'annonce de la mort de Mouammar Kadhafi. "C'est la fin d'un long calvaire", a-t-il noté, affirmant cependant qu'il aurait préféré voir l'ex-Guide suprême jugé.
"Tant qu'il était là, la guerre continuait", a-t-il analysé, affirmant que Kadhafi était "une sorte de présence écrasante" dans la tête des libyens. Le philosophe ne pense cependant pas que le dirigeant déchu, acculé, aurait pu causer un retournement de situation dans le pays. Mais il aurait pu "gêner le processus démocratique". " Cet homme avait déclaré une guerre terrible à son propre peuple depuis 42 ans", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il avait été "vaincu par son peuple qu'il entendait faire plier, qu'il espérait noyer dans des rivières de sang".
Fin des opérations de l'Otan
Quant à la question de savoir si le colonel Kadhafi, capturé blessé par les forces du CNT, a été achevé, BHL ne "pense pas que les choses se soient passées comme ça". " La communauté internationale et le CNT lui ont offert les conditions d'une reddition, d'une cessation des combats. Il les a systématiquement et continuellement refusées", a jugé l'intellectuel.
Pour lui, la mort de Kadhafi signifie également la fin des opérations de l'Otan en Libye. "Je crois qu'elles cessent à partir de ce soir", a-t-il affirmé, ajoutant : "qui dit victoire dit cessation des opérations". Et BHL de saluer la "détermination" et la "ténacité" de Nicolas Sarkozy, qu'il a précisé ne pas avoir eu au téléphone.
Le "glas" pour Bachar al-Assad
Pour la suite, BHL s'attend à ce que la transition vers la démocratie connaisse des moments "chaotiques". "Ce sera difficile, c'est une nuit de 42 ans, il en restera des traces dans les têtes pendant longtemps". "Une révolution, c'est toujours compliqué, a-t-il martelé.
Pour le philosophe, la mort de Kadhafi est également un signe envoyé aux autres pays de la région, notamment la Syrie. "Si j'était Bachar al-Assad, j'entendrais les premiers coups du glas", a-t-il assuré, parlant de "jurisprudence libyenne". Et de conclure : "tous les dictateurs de la région savent que quand on déclare la guerre à son propre peuple, on perd toute légitimité".