Dans l’affaire de l’enlèvement de Marie Dedieu, samedi au Kenya, le temps joue contre les négociateurs français. D’abord parce que la Française, âgée de 66 ans, handicapée depuis un grave accident, est très malade. Souffrant notamment de problèmes cardiaques, elle doit régulièrement prendre des médicaments, dont elle est actuellement privée. Mais l’empressement des services secrets français est aussi d’un autre ordre. Ils veulent absolument éviter que l’otage soit revendue à un groupe islamique radical avec lequel les tractations deviendraient extrêmement difficiles.
Actuellement, selon toute vraisemblance, l’otage française est encore aux mains de ses ravisseurs d’origine, ceux qui sont allés l’enlever sur son île de Lamu, au Kenya, où elle vit depuis plus de 15 ans. Ces kidnappeurs sont des purs criminels, des pirates originaires de l’extrême sud de la Somalie, et plus précisément de Ras Kamboni, petit village côtier devenu au fil des ans une sorte de port de flibuste, où tout s’échange, tout se vend. C’est là que serait détenue Marie Dedieu. C’est en tous cas ce qu’ont l’air de penser les services spéciaux qui auront la charge de la libérer.
Une Britannique revendue à des islamistes
Et eux savent plus que d’autres encore qu’il est beaucoup plus simple de négocier avec des pirates, qui ne veulent que de l’argent, qu’avec des islamistes aux revendications à géométrie variable. Le cas du plus ancien otage français, un agent de la DGSE détenu depuis plus de deux ans en Somalie par un groupe islamiste, rappelle douloureusement cette vérité.
Les services secrets sont d’autant plus inquiets qu’une touriste britannique, qui elle aussi a été enlevée au Kenya à la mi-septembre, très certainement pas le même groupe, aurait été revendue aux islamistes la semaine passée. Exactement ce que veulent éviter les Français, qui depuis l’enlèvement de Marie Dedieu cherchent un contact rapide avec les ravisseurs, par le biais des autorités kenyanes.