Vendredi, à 12 heures doit décoller de Baïkonour une fusée russe Soyouz. A son bord, 45 souris, lézards et escargots. Ces animaux, placés dans des compartiments séparés, vont rester en orbite un mois et redescendront le 18 mai pour que les scientifiques puissent étudier les conséquences de leur séjour dans l'espace. Il s'agit de déterminer à quel point notre organisme s'adapte aux conditions de l'apesanteur et de comprendre ce qu'il faut faire pour assurer la survie lors de vols au long cours", a indiqué le directeur du programme au Centre spatial russe, Valéri Abrachkine, à la chaîne publique. Mais pas seulement. L'expérience doit permettre d'améliorer la recherche sur les personnes âgées. Alain Cirou, le consultant aéronautique d'Europe 1 nous explique les tenants et aboutissants d'une telle équipée.
Europe1.fr : Pourquoi envoyer ces animaux dans l'espace ?
Alain Cirou : A travers cette expérience, on veut étudier sur le matériau vivant les effets d'absence de gravité, et en particulier de voir comment on peut compenser par des médicaments ou des exercices physiques l'absence de gravité. Quand vous êtes dans l'espace, vous flottez. Il n'y a plus de poids qui s'exerce sur la colonne vertébrale, le coeur n'a plus besoin de battre autant, les muscles ont tendance à s'atrophier, il y a une décalcification osseuse. Tous ces problèmes peuvent être assimilés à ceux des personnes âgées. Si on trouve des médicaments qui permettent de compenser les problèmes de gravité, alors ils pourraient aussi être une bonne piste pour guérir les personnes atteintes de ces maladies de vieillesse. Trouver quelle est l'influence de la gravité sur les organismes et quand on enlève la gravité, comment peut-on faire pour compenser cette absence, voilà le but de cette expérience scientifique.
En quoi va consister l'étude ?
Cette opération est menée en collaboration avec une équipe française du Centre national d'études spatiales (Cnes). Ils reprennent des expériences commencées il y a des décennies et qui ont été interrompues. On implante dans le coeur et les artères des souris - ce qu'on ne pourrait faire aux hommes - des systèmes de détection. Ce système, inventé pour l'occasion, permet de mesurer leur rythme cardiaque, leur pression, avec des appareils greffés dans leur corps. Les informations en provenance des souris vont être mesurées en continu, 24/24 sur tous les rythmes physiologiques. Les données seront transmises en direct avant et pendant le décollage, durant la phase d'apesanteur, et au retour, où il y a le plus de G, à l'atterrissage et après l'atterrissage. Toutes ces données seront ensuite comparées avec celles obtenues à partir de trois autres groupes-témoins de souris restées au sol et greffées de la même façon.
Pourquoi prend-on toujours des souris ?
Autrefois, les Soviétiques faisait ces études avec des singes. Mais les souris sont les animaux les plus facile à utiliser. On les connaît très bien, on sait parfaitement comment elles fonctionnent. Physiologiquement, ce sont celles qui se rapprochent le plus de l'homme. Autre avantage, elles sont petites, contrairement au singe, par exemple, qu'on a déjà utilisé aussi dans des cas similaires. Mais le singe a un statut différent de la souris pour les hommes, qui suscite des protestations quand on l'utilise. Et il est de toute façon plus complexe de lui greffer des appareils dans le corps qu'aux souris, sans parler qu'on peut difficilement le mettre dix jours en cage...