L’INFO. Kiev, Bern, Paris, Genève, Bruxelles, Washington. Le ministre allemand des Affaires étrangères ne recule pas devant les kilomètres à parcourir pour régler la crise ukrainienne. A côté de son homologue allemand, Laurent Fabius, pourtant engagé sur le dossier, paraîtrait presque passif dans l’amélioration des relations entre Kiev et Moscou.
Le très respecté Franck-Walter Steinmeier joue avec l’Ukraine sa première manche diplomatique depuis sa nomination au gouvernement au mois de décembre. Et sa performance est saluée par les médias allemands.
L'Allemagne en première ligne. Mais Steinmeier n’est pas seul sur le coup. Jeudi, la chancelière a discuté avec Arseni Iatseniouk, le ministre ukrainien par intérim. Le même jour, l’autre tête de l’Allemagne, le vice-chancelier Sigmar Gabriel, devait rencontrer Vladimir Poutine. "L’Allemagne est l’acteur clé dans cette affaire", confirme à Europe 1 Philippe Moreau Desfarges, chercheur à l’Institut français de relations internationales et auteur de L’histoire de l’Europe pour les nuls.
La Pologne et la France ont également pesé de leur poids pour sortir l’Ukraine de la crise. Mais la France reste traditionnellement en arrière-plan de ses deux partenaires sur l’Europe de l’Est, tandis que les relations entre Varsovie et Moscou sont loin d’être apaisées depuis la chute de l’URSS. L’entremise de l’Allemagne, qui "n’est pas dans une ligne de confrontation avec la Russie, mais plutôt dans la négociation", est plus sûre, précise Philippe Moreau Desfarges.
Une interdépendance. Tout comme la France entretient une relation particulière avec les pays d’Afrique sub-saharienne, l’Europe de l’Est est le pré carré diplomatique, historique et culturel de l’Allemagne.
Alors quelles armes "Angela" peut-elle brandir pour "faire peur à Poutine", comme l’écrit le site polonais Wirtualna Polska ? "La réponse est très simple", argumente le site d’informations : "L’Allemagne est le premier partenaire commercial de la Russie". 12 % des importations russes proviennent d’Allemagne, soit 27, 45 milliards d’euros. La dépendance est réciproque : 40 % du gaz consommé en Allemagne est russe.
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Les hydrocarbures ont toujours été un nœud politique, économique et diplomatique des relations entre Moscou et Berlin. Quelques jours à peine après la fin de son mandat, l’ex-chancelier Gerhard Schröder avait pris la tête du directoire de Nord Stream, un gazoduc liant directement la Russie et l’Allemagne, en passant par la mer Baltique. Gerhard Schröder, toujours influent dans la politique allemande, entretient de très bonnes relations avec Poutine.
Selon Wirtualna Polska, "sa fermeture (du gazoduc, ndlr.) serait beaucoup plus douloureuse pour la Russie que pour l’Allemagne". Car pour Moscou, le seul autre moyen d’exporter son gaz est de passer par l’Ukraine. Et en ce moment, la Russie ne peut pas vraiment compter sur son voisin ukrainien pour l’aider en cas de difficulté avec l’Allemagne.
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