Vingt palais ou villas, 43 avions, 15 hélicoptères, quatre yachts de luxe… Dans un rapport publié mardi et consultable sur Internet, l'opposant Boris Nemtsov liste l'ensemble des biens mis à disposition du président russe Vladimir Poutine et l'accuse de profiter du pouvoir pour mener la grande vie. Pour un chef de l'Etat qui se targue d'être un "esclave de galère", trimant au service de son peuple, ce rapport fait tache.
Boris Nemtsov assure aussi que Vladimir Poutine ment à ses électeurs quand il déclare un revenu de moins de quatre millions de roubles, soit 100.000 euros. Le Kremlin s'est aussitôt défendu en affirmant que les biens cités par l'opposant étaient "la propriété de l'Etat et Poutine en a l'usage en tant que président".
Il a fait doubler le nombre de palais
Selon l'opposant, les avantages accordés au président de la Russie auraient connu une expansion phénoménale sous Vladimir Poutine, indique le Guardian. Le nombre de palais, villas et résidences mis à sa disposition a doublé depuis son arrivée au pouvoir, en 2000, précise la chaîne américaine ABC.
"L'une des raisons les plus sérieuses qui pousse Poutine à s'accrocher au pouvoir est l'atmosphère de luxe et de richesse à laquelle il s'est habitué et qu'il ne veut pas abandonner", assure Boris Nemtsov. Ce leader de l'opposition dresse dans son rapport une liste extrêmement détaillée des biens dont jouit Vladimir Poutine, photos à l'appui.
700 Mercedes dans son garage
Outre les résidences et les avions, Boris Nemtsov évoque aussi une collection de montres estimée à 22 millions de roubles, soit près de 545.000 euros, et un garage avec pas moins de 700 voitures, uniquement des Mercedes. Autre détail croustillant : les seules toilettes de l'un des 58 avions à sa disposition ont coûté la bagatelle de 75.000 dollars, soit près de 60.000 euros, indique le Guardian.
"Dans un pays où plus de 20 millions de personnes ont du mal à boucler les fins de mois, la vie de luxe du président est un défi flagrant et cynique lancé à la face de la société", fustige Boris Nemtsov.
Une conférence de presse quasi-secrète
Conscient que ce travail risque de lui attirer des problèmes, l'opposant a pris ses précautions au moment de présenter le rapport, explique sur son blog le journaliste du Figaro Pierre Avril. Une fausse heure a en effet été donnée publiquement pour la conférence de presse pour éviter que des militants pro-Poutine ne viennent semer le trouble, le véritable rendez-vous ayant été fixé de façon quasiment secrète. Le rapport est en outre composé pour l'essentiel de photos, afin d'éviter au maximum les poursuites.
Evidemment décrié par les partisans du Kremlin, ce document ne fait pas non plus l'unanimité dans les rangs des opposants. Généralement critique envers le pouvoir, un éditorialiste de l'hebdomadaire russe The New Times réagit ainsi : "J'aimerais savoir comment Boris Nemtsov pense qu'un chef d'Etat doit vivre et s'il souhaite aussi écrire sur les biens à disposition des dirigeants américain et britannique".