L'INFO. L'Occident est unanime : le référendum en Crimée n'aurait jamais dû avoir lieu. Nathalie Pasternak, la présidente du Comité de la communauté ukrainienne, une association française, a condamné sans concession lundi matin sur Europe 1 ce vote et la mainmise de Poutine sur la Crimée. Une interview dans laquelle elle met très clairement en garde la communauté internationale : "Poutine ne s'arrêtera pas à la Crimée".
Depuis plusieurs semaines, la Russie a installé ses soldats et ses drapeaux. Que peut-on faire face une Crimée de facto russe ? La solution peut être de prendre de vraies sanctions économiques : geler les avoirs [de Vladimir Poutine] en Occident ainsi que ceux de ses oligarques, qui ont des entreprises, des commerces, des intérêts économiques. Si on coupe ses finances, il sera bloqué et devra comprendre qu'il faut négocier et ne pas imposer sa volonté par la force.
95% des votants ont quand même dit oui au rapprochement avec la Russie. L'Occident peut continuer à dire que le référendum était illégitime ? "95% ?" Ils font des progrès en mathématiques : en 2004 [lors de l'élection présidentielle], dans certains bureaux de vote, on annonçait 110% de participation... Les Ukrainiens et les Tatars - soit 40% de la population - n'ont pas participé, ils ont boycotté. Ce n'est pas un référendum mais une grande mascarade anticonstitutionnelle. Il aurait fallu demander sa position à toute l'Ukraine. Si, en France, on devait s'interroger sur la Bretagne, ne ferait-on pas voter tout le pays ?
Quelles sont vos craintes pour l'avenir ? Poutine ne s'arrêtera pas à la Crimée. Les affrontements provoqués par les Russes, qui déversent des cars entiers [d'habitants pro-russes] dans l'Est préparent une annexion de l'Est ! [Dans la nuit de dimanche à lundi], les forces armées ukrainiennes ont déjoué un plan de troupes russes qui se dirigeaient vers Kiev. Je pense que la Crimée va servir de base arrière pour les forces militaires de Poutine. Il veut l'Ukraine jusqu'à Kiev, il l'a dit en 2010 lors de l'exposition 'Sainte Russie' où il revendiquait Kiev.
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