Les résultats du premier tour de la présidentielle ne sont pas encore officiellement tombés, mais la bataille du second tour a déjà commencé lundi, en Tunisie. Exit la jeunesse des printemps arabes : Moncef Marzouki, 69 ans (à gauche), et Béji Caïd Essebsi, 87 ans (à droite), seront probablement les deux candidats du second tour.
Le vieux de la révolution. Loin d’être de la génération de la révolution de jasmin, le premier est tout de même arrivé au pouvoir à la faveur de la révolte jeune de 2011. L’Assemblée constituante l’a élu à la fin de l’année 2011 pour présider la Tunisie. Mais il a dû se contenter de prérogatives limitées, l'exécutif revenant au chef du gouvernement. Cet opposant en exil de Ben Ali s'est allié aux islamistes d'Ennahda et estime avoir ainsi évité l'éclatement du pays entre "laïcs" et "religieux".
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Ministre, il y a cinquante ans. En face de lui, c’est un cacique du régime de Bourguiba qui revient dans la course. Président du Parlement et ministre des Affaires étrangères sous la présidence du père de l’indépendance tunisienne, Béji Caïd Essebsi se présente comme un homme d'Etat capable de résoudre les difficultés que rencontre encore le pays, d'achever sa transition. Il a occupé son premier poste ministériel en 1965, il y a près de 50 ans. Ses rivaux, Marzouki en tête, le dépeignent comme un vestige des régimes autocratiques de Bourguiba et Ben Ali et voient dans sa candidature le risque d'un retour à l'"hégémonie d'un parti unique".
La der des ders. A défaut de représenter la jeunesse tunisienne, cette campagne n’en est pas moins virulente. Les deux camps s’échangent menaces et noms d’oiseaux. Les adversaires de Marzouki l'accusent d'avoir sacrifié ses principes au nom de son ambition en formant une coalition avec Ennahda. Le directeur de campagne de Béji Caïd Essebsi lui a même reproché de s’être "allié avec des salafistes djihadistes pendant sa campagne". De l’autre côté, l'équipe de campagne de Moncef Marzouki a assuré que des partisans de Nidaa Tounès, le parti de Béji Caïd Essebsi, avaient voulu l'attaquer devant son bureau de vote.
Pour le perdant, cette élection sera bien la dernière. Si Marouzki l'emporte, Essebsi devra attendre la fin du mandat présidentiel et aura d'ici là soufflé ses 93 bougies. Marzouki, lui, a promis d'arrêter la politique en cas de défaite.