La transition en Egypte semble plus que jamais menacée. Samedi et dimanche se tient le second tour de l'élection présidentielle, qui voit s'affronter Mohammed Morsi, le candidat des Frères musulmans, et Ahmad Chafiq, le dernier Premier ministre de Moubarak. De longues queues se sont formées au Caire devant certains bureaux de vote avant même leur ouverture à 8 heures.
Le scrutin est organisé alors que les législatives, remportées par les islamistes, viennent tout juste d'être invalidées par la Cour constitutionnelle. Cette dernière s'est appuyée sur un vice dans la loi électorale pour justifier cette décision, qui devrait appeler un nouveau scrutin législatif. Furieux, les islamistes et les acteurs issus de la mouvance révolutionnaires ont qualifié cet arrêt de véritable "coup d'Etat" de l'armée au pouvoir.
"Une mauvaise comédie"
"Le scénario de la contre-révolution est bien clair", estime un collectif de partis de gauche, laïques et libéraux, citant plusieurs épisodes récents : acquittements dans le procès de Moubarak, invalidation du Parlement et la possibilité donnée à la police militaire et aux renseignements militaires d'arrêter des civils.
"Toutes ces mesures démontrent que le CSFA est déterminé à reproduire l'ancien régime", s'inquiète ces partis, pour lesquels la présidentielle "n'est qu'une mauvaise comédie". Le sentiment est le même dans les colonnes du quotidien Al-Chourouq, pour lequel "ce qui s'est produit nous ramène au 24 janvier 2011, la veille de la révolution contre Moubarak".
50 millions d'électeurs potentiels
La Cour constitutionnelle a aussi décidé de permettre à l'ancien pilier du régime de Moubarak, Ahmad Chafiq, de se présenter. Son adversaire, Mohammed Morsi, arrivé en tête au premier tour, a annoncé qu'il respectait cette disposition, estimant que le peuple égyptien était "bien déterminé à protéger sa révolution contre les corrompus de l'ancien régime".
Ahmad Chafiq, considéré comme le candidat de l'armée par ses détracteurs, a mené une campagne largement axée sur le rétablissement de la sécurité. Mais ces derniers jours, il a multiplié les promesses sur d'autres thèmes : reconstruction d'un "Etat et d'une économie modernes", lancement de "grands projets pour résorber le chômage" et garanties des "libertés individuelles et de la presse".
Samedi et dimanche, quelque 50 millions d'électeurs potentiels vont se rendre aux urnes. Pour les inciter à voter, le week-end a été déclaré férié. Et pour prévenir d'éventuels troubles, un vaste plan de sécurité a été annoncé.