Les Arméniens votent lundi pour la présidentielle qui devrait voir la reconduction du président sortant Serj Sarkissian dans un contexte entaché par l'absence d'une véritable opposition et par la tentative d'assassinat de l'un des candidats.
Selon les derniers sondages d'opinion avant le scrutin, le chef de l'Etat, qui est âgé de 58 ans, était crédité de plus de 60% des intentions de vote, le candidat le mieux placé derrière lui parmi ses six rivaux arrivant péniblement à 10%. Le scrutin est supervisé par les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures (5 heures en France) et fermeront à 20 heures (17 heures en France). Les premières estimations de résultats devraient être données quelques heures plus tard et les résultats officiels mardi soir.
Les partisans de Serj Sarkissian espèrent une élection sans violence ni fraude, contrairement au scrutin de 2008 lors duquel des heurts avaient fait dix morts. L'ancienne république soviétique veut montrer au monde qu'elle est sur le chemin de la reprise économique après plusieurs années de guerre et de troubles.
Mais, aucun des opposants sérieux au président ne s'étant porté candidat, les électeurs s'interrogent sur le caractère véritablement démocratique du scrutin. Des représentants de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe ont de plus constaté lors d'une visite en janvier que cette échéance électorale ne suscitait que peu d'intérêt chez les Arméniens et pas de confiance non plus.
Les tensions ont ressurgi après une tentative d'assassinat contre Paruyr Haïrikian, 63 ans, le 31 janvier. Candidat d'un parti d'opposition modéré, l'ancien dissident a reçu une balle dans l'épaule, ce qui a un temps fait craindre un report du vote. Un autre candidat, Andrias Ghukassian, est en grève de la faim depuis le début de la campagne électorale pour demander l'invalidation de la candidature de Serj Sarkissian et appeler les observateurs internationaux à boycotter le scrutin. Un troisième, Arman Melikian, a annoncé qu'il ne voterait pas lundi. Selon lui, l'élection est biaisée en faveur du président sortant. D'autres politiques qui auraient pu se porter candidats ont décidé de n'en rien faire pour des raisons similaires.
La campagne s'est concentrée sur l'économie, principal sujet de préoccupation pour les 3,2 millions d'habitants d'un pays qui ne s'est jamais totalement remis de son indépendance après l'éclatement de l'Union soviétique et des 30.000 morts de la guerre avec l'Azerbaïdjan. Après une contraction de 14,2% de son produit intérieur brut en 2009, l'Arménie a renoué avec une croissance de près de 7% l'an dernier. Mais 30% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté et le chômage s'élevait à 16% en 2012.