C'est la plus grande distinction mondiale qu'on puisse recevoir. A quelques heures de son attribution prévue vendredi 10 octobre à la mi-journée, les rumeurs sur le futur lauréat du prix Nobel de la Paix vont bon train. Si la liste complète des 278 candidatures reste secrète, certains noms ont tout de même filtré. Et parmi les favoris cités par de nombreux observateurs, comme le site Nobelania, figurent des personnalités mondiales. Tour d'horizon, du lanceur d'alerte Edward Snowden au novateur pape François, en passant par Malala et... un journal russe.
Le pape François, bête médiatique et candidat consensuel
A coups de déclarations novatrices pour un titulaire du Saint-Siège, la "Pape-star" a rafraîchi l'image du Vatican. Impliqué dans la libéralisation de la doctrine de l'Eglise, auteurs de discours et de gestes forts lors de sa visite en Israël et Palestine ou encore au forum de Davos sur la pauvreté, l'ancien cardinal argentin a occupé le devant de la scène médiatique, au point d'être élu "homme de l'année" par le Time Magazine. Récompenser le Pape, ce serait donner encore un peu plus d'écho à son discours, axé sur la fraternité et la tolérance sur certaines questions de société comme l'homosexualité (mais pas l'avortement, qu'il a qualifié de "crime abominable"). Récompenser François, c'est aussi récompenser l'Amérique latine, qui n'a pas gagné de prix Nobel de la paix depuis 1992. De plus, il suscite une certaine unanimité au sein de la communauté internationale, sa victoire ne provoquerait pas une vague de critiques comme celle qu'avait déclenché la consécration de Barack Obama en 2009.
Novaya Gazeta, média alternatif et candidat très politique
L'un des "noms" évoqués fréquemment parmi les favoris est un titre de presse : Novaya Gazeta, le nouveau journal en Russe, a été créé en 1993 avec le soutien d'un ancien lauréat du Nobel de la Paix, un certain Mikhaïl Gorbatchev. C'est un des rares médias russes qui critique ouvertement la politique actuelle du Kremlin. Il a payé un lourd tribut dans la lutte pour la liberté d'expression, plusieurs journalistes ayant été tués, la plus célèbre d'entre eux étant Anna Politovskaïa, décédée en 2006. Récompenser Novaya Gazeta reviendrait donc à sanctionner Vladimir Poutine. C'est donc une candidature très politique, ce qui pourrait handicaper le journal si le jury tenait à ne pas raviver une tension avec la Russie.
Edward Snowden, lanceur d'alerte admiré hors-la-loi aux USA
Il est à l'origine des révélations autour d'une des plus grosses affaires de ces dernières années, il a provoqué le débat et suscité la réflexion sur les questions de protection de la vie privée. En dénonçant le programme de surveillance mondiale orchestrée par la NSA, Edward Sowden a acquis une renommée planétaire et se place comme l'une des icônes de la défense des libertés individuelles, l'un des piliers de la démocratie. Seul hic, il est considéré comme un traître par la justice outre-Atlantique, ce qui pourrait compliquer la remise du prix. Il faudrait que le gouvernement norvégien garantisse l'immunité de Snowden pour lui éviter de se faire arrêter par les autorités américaines. Et politiquement, ce choix aurait le don d'énerver Washington.
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Malala Yousafzai, symbole juvénile de la condition de la femme
Nominée pour le prix Nobel de la paix à 17 ans, voilà qui campe le personnage de Malala Yousafzai. Cette jeune Pakistanaise, déjà citée parmi les favoris en 2013, lutte pour les droits des femmes de sa région. Auteure de Journal d'une écolière pakistanaise publié sur le site de la BBC alors qu'elle a 11 ans, elle dénonce les violences perpétrées par les Talibans. Elle est devenue célèbre après une agression qu'elle a subie en 2012. Victime d'une tentative d'assassinat, son histoire provoque l'indignation. Elle dit elle-même qu'elle ne mérite pas encore le prix Nobel, mais l'actualité internationale (enlèvements de jeunes filles par Boko Haram) donne du sens à sa candidature.