Le prix Nobel de la paix 2014 sont en fait deux. La jeune Pakistanaise Malala a été récompensée en même temps que Kailash Satyarthi. Tous les deux ont été primés "pour leur combat contre l’oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de tous les enfants à l’éducation". Si la première est très connue du grand public pour avoir été grièvement attaquée par les taliban, le second l’est beaucoup moins. Europe 1 vous présente le travail de cet Indien dans la lutte contre le travail des enfants.
Engagé contre l’exploitation des enfants. Agé de 60 ans, Kailaish Satyarthi poursuit depuis près de 35 ans un long engagement pour les enfants dans son pays. En 1980, il crée Bachpan Bachao Andoloan (qui peut être traduit en "Mouvement pour sauver les enfants"), une association dédiée à la lutte contre l’exploitation infantile.
L’association s’engage aussi bien dans la prévention, que dans la protection et la réhabilitation d’enfants autrefois exploités. Par des raids dans des usines et des ateliers qui employaient des mineurs, Bachpan Bachao Andoloan a permis de libérer des milliers d’enfants de la servitude, et parfois de permettre leur scolarisation. L’organisation s’est toujours donné pour mot d’ordre d’impliquer les autorités locales et de les pousser à faire appliquer la loi sur la protection des enfants.
En 1998, The Independent avait suivi le travail de Kailash Satyarthi, auprès de 16 gamins sauvés d'une fabrique de tapis. Le militant des droits de l'homme expliquait qu'il leur "est impossible [...] d'assimiler que quelqu'un les aide vraiment", sans arrière pensée. Les enfants doivent donc être pris en charge pendant un certain temps après être sorti du travail forcé.
La plupart des campagnes de Kailash Satyarthi concernent évidemment l’Inde et l'Asie du Sud, mais Bachpan Bachao Andoloan a également voulu faire prendre conscience aux consommateurs occidentaux qu’ils achètent parfois des produits fabriqués par des enfants.
"L’esclavage invisible". Dans une interview donnée à Arte en 2012, Kailash Satyarthi s’indignait de la fragilité et de la vulnérabilité des enfants, notamment lors des crises. Il dénonçait également "l’esclavage invisible" des enfants qui travaillent comme domestiques et dont la situation est largement acceptée dans les pays en développement et parfois même légale.
Le travail des enfants est en effet largement accepté en Asie du Sud, notamment comme un rempart à la pauvreté. La Coalition contre la servitude des enfants en Asie du Sud, une organisation en lien avec Bachpan Bachao Andoloan, estime que 300.000 sont forcés de travailler, et 700.000 au Nepal et au Pakistan.