La première journée du procès d'Anders Behring Breivik lundi a réservé son lot d'émotion aux survivants et familles de victimes présents dans la salle 250 du tribunal d'Oslo. Durant cette première journée d'audience, le tribunal est revenu sur la tuerie qui a fait 77 victimes dans l'attentat devant le siège du gouvernement à Oslo et sur l'île d'Utoya. Retour sur les cinq temps forts de cette première journée.
L'entrée de Breivik
Peu avant 9 heures, Anders Behring Breivik arrive devant la cour, vêtu d'un costume. Une fois ses menottes enlevées, le meurtrier, qui encourt 21 ans de prison s'il est reconnu coupable, fait un salut d'extrême-droite au public composé de familles de victimes, de survivants et de 300 journalistes. Breivik est placé dans un fauteuil, derrière une petite barrière le séparant de la cour. A l'intérieur comme à l'extérieur, la sécurité est minimale. Les autorités norvégiennes ont souhaité un procès plus "libre" afin de ne pas tomber dans le "tout sécuritaire". Visiblement, le tueur, lui, souhaite faire de ce procès une tribune pour ses idéaux.
Son entrée, menotté, dans le tribunal :
"Légitime défense"
Durant la lecture de l'acte d'accusation, Anders Behring Breivik ne manifeste aucun remord. Durant une bonne heure, la procureure lit le nom de chacune des 77 victimes du tueur, ainsi que les causes de leur mort. Après cette lecture, Breivik annonce qu'il plaide non coupable. "Je reconnais les faits mais je ne reconnais pas ma culpabilité" au sens pénal, a-t-il déclaré, affirmant avoir agi en état de "légitime défense". Néanmoins, le doute subsiste sur sa responsabilité pénale. Un premier rapport d'expert psychiatrique le 29 novembre le déclarait fou, tandis qu'une contre-expertise le 10 avril le désignait responsable. D'autres experts sont attendus à la barre durant ces dix semaines de procès.
Un procès qui divise
Besoin démocratique ou véritable tribune ? Devant la médiatisation du procès Breivik, de nombreuses personnes se sont élevées contre la publicité faite à Anders Behring Breivik. Le tueur lui-même considère ce moment comme "une excellente occasion" pour répandre son idéologie. Sur notre site, plusieurs internautes se sont demandé l'intérêt d'une telle "publicité" faite à Breivik, tandis que d'autres jugent la médiatisation de ce procès nécessaire. "Il faut parler de cette idéologie extrême", explique l'un d'eux. "Malheureusement, c'est un humain avant tout", regrette un autre.
Les larmes du tueur
Vers midi, Breivik craque. L'assassin fond en larmes devant les images projetées sur le grand écran. C'est le film de douze minutes qu'il avait diffusé le 22 juillet, jour des attaques. Ces photos et dessins montrent notamment des intégristes musulmans. Quelques minutes plus tôt, le procureur était revenu sur les rapports d'un psychologue dans sa jeunesse. "Anders est un enfant passif qui fuit un peu le contact, un peu anxieux (...) au sourire feint et désarmant", écrit le psychologue lorsque Breivik avait quatre ans.
Breivik fond en larmes :
L'émotion au rendez-vous
A la reprise de l'audience, peu après 13 heures, le procureur annonce que des images douloureuses vont être diffusées sur l'écran. Il laisse quelques minutes aux personnes présentes qui ne souhaitent pas voir ces bandes vidéos de l'attaque, près du siège du gouvernement qui a fait huit morts. A la vue de ces images, les familles de victimes restées dans la salle ne peuvent contenir un cri d'émotion au moment où l'on voit la bombe exploser. Quelques minutes plus tard, c'est un appel de détresse d'une jeune fille présente sur l'île qui glace la salle. "Venez vite… Ça tire tout le temps", dit une jeune fille dans ce SOS qui dura un peu plus de trois minutes. Breivik, lui, reste stoïque dans son fauteuil. Après cette première journée où il est resté silencieux, l'assassin prendra la parole mardi, lors du deuxième jour d'audience.