Brice Taton était venu à Belgrade pour soutenir l'équipe de foot de Toulouse. Il y est mort 12 jours plus tard à l'hôpital, victime de ses blessures. Les 14 accusés jugés à Belgrade pour la mort de ce supporter ont été condamnés à des peines s'étalant de 4 à 35 ans d'emprisonnement. Douze des inculpés ont été reconnus coupables de "meurtre aggravé" et deux de "violences", a précisé la juge de la Haute Cour de Belgrade.
"Des peines satisfaisantes pour un crime horrible"
Djordje Prelic, l'un des deux prévenus en cavale, a écopé de la peine la plus lourde, 35 ans, et l'autre fugitif, Dejan Puzigac, a été condamné à 32 ans de prison. Ces deux personnes figuraient en tête de la liste de l'acte d'accusation lu au début du procès. Ivan Grkovic et Ljubomir Markovic, qui figuraient ensuite dans le même acte, ont écopé pour leur part de 30 ans de prison. L'avocat français de la famille Taton, Me Guy Debuisson a évoqué des "peines satisfaisantes pour un crime horrible et gratuit". "J'étais très inquiet car le dossier n'était pas prêt, il y avait eu une pression politique pour faire démarrer le procès trop rapidement en laissant prévoir des peines exemplaires (...), mais les témoins se rétractaient ou n'osaient pas confirmer devant la cour", a-t-il expliqué à l'AFP.
Des accusés et des témoins muets
Pendant les neuf mois du procès, les parents de Brice Taton ont vécu un enfer. Ils ont multiplié les trajets entre Belgrade et la France pour assister aux audiences qui n'ont jamais permis de répondre à leurs questions. Aucun des 14 hommes assis dans le box des accusés n'a reconnu les faits. Tout juste ont-ils reconnu avoir été présents sur les lieux de l'agression. Les témoins, souvent par crainte de représailles, n'ont pas réussi à expliquer ce qui s'était passé.
"Une atmosphère extrêmement tendue"
Pour l'avocat toulousain, le dossier a été jugé "prématurément". "Il n'y a pas eu de reconstitution, d'audition principale, de visionnage de l'agression, il a fallu renvoyer quatre fois le procès", qui a finalement duré neuf mois, rappelle-t-il. "A chaque fois la souffrance de M. et Mme Taton était ravivée, et on se demandait si les preuves étaient suffisamment rapportées pour qu'on puisse condamner sévèrement, des accusés avaient des gestes envers les témoins du style on va te couper la gorge, l'atmosphère était extrêmement tendue", raconte Me Debuisson. La famille de Brice Taton est soulagée que le procès s'achève. "La juge était dépassée par les événements. On est allés là-bas souvent pour rien", regrette Alain Taton, le père du supporteur décédé. Les proches du jeune homme attendaient avec impatience le verdict "pour faire [leur] deuil". Ils demandaient "des peines conséquentes".
"On attend le verdict pour faire notre deuil" :
Dans son réquisitoire, le procureur avait souligné le caractère prémédité des coups et leur grande violence. Les agresseurs avaient frappé Brice Taton à l'aide de battes de baseball et de fumigènes. Me Debouisson s'attend maintenant à un appel des condamnés. Le cas échéant, la famille Taton a déjà prévu qu'elle ne retournerait pas en Serbie.