Quand Strasbourg préserve le porno

Les eurodéputés ont retoqué un amendement qui préconisait l'interdiction de la pornographie dans les médias. © MAX PPP
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Le Parlement européen a rejeté un amendement incitant à interdire le porno dans les médias.

L'INFO. Le parlement européen n'a pas seulement rejeté le budget de l'Union européenne, mercredi. Les eurodéputés ont également retoqué un amendement qui préconisait l'interdiction de la pornographie dans les médias. La mesure était dissimulée dans un long rapport, portant sur "l'élimination des stéréotypes liés au genre". Au détour d'une phrase, le texte demandait ainsi "l'interdiction de toutes les formes de pornographie dans les médias, ainsi que de la promotion du tourisme sexuel". Non contraignant, cet amendement visait à clarifier le point de vue de l'Europe sur la question.

Internet dans le viseur. Le "porno" sur la Toile était directement concerné par ce texte, qui précisait "qu'une politique d'élimination des stéréotypes dans les médias passe nécessairement par une action sur le terrain numérique". "Il est nécessaire de lancer des actions coordonnées au niveau européen en vue de développer une véritable culture de l'égalité (des sexes nldr) sur l'internet", demandait la résolution rejetée mercredi.

Fronde des défenseurs des libertés. Mais formulé ainsi, l'amendement a suscité la colère des défenseurs des libertés publiques, notamment les représentants du Parti pirate et de députés libéraux. Plus de 500.000 courriels de protestation ont été adressés aux députés pour leur demander de ne pas approuver cette phrase, selon le porte-parole du Parlement, Jaume Duch Guillot. Le texte finalement adopté se contente donc de réclamer des "mesures concrètes" au sujet de "la discrimination de la femme dans la publicité".

Les "médias" pas vraiment visés. La rapporteur du texte, l'élue néerlandaise d'extrême gauche Kartika Tamara Liotard, a reconnu lors d'une conférence de presse que l'emploi du mot "médias" dans l'amendement rejeté était inopportun, dans la mesure où "c'était en fait les publicitaires qui étaient visés, et non pas la liberté sur internet". Son texte visait à lutter contre les publicités où la femme "est présentée comme un objet de désir", a-t-elle précisé.