Noires perspectives. Selon le centre de vols spatiaux Goddard de la Nasa citée par le Guardian, "la rareté des ressources provoquée par la pression exercée sur l’écologie et la stratification économique entre riches et pauvres ont toujours joué un rôle central dans le processus d’effondrement. Du moins au cours de cinq mille dernières années." En clair, l’exploitation excessive des ressources naturelles et les inégalités de répartition de ces ressources entre les humains est à l’origine de l’effondrement des civilisations, comme l’ont connu les Romains ou les Mayas avant nous. Ce modèle, résumé sous l’acronyme "Handy" (Human and Natural DYnamical), met en lumière l’importance de la dynamique nature-humanité, cristallisée autour de cinq facteurs essentiels : la population, le climat, l’eau, l’agriculture et l’énergie. L'équipe de chercheurs à l'origine de l'étude explique qu'il y a deux scénarios possibles pour l'homme moderne. Soit la famine décime les populations pauvres, et "dans ce cas, la destruction de notre monde ne serait donc pas due à des raisons climatiques, mais à la disparition des travailleurs", note la RTBF. Soit "la surconsommation des ressources entraînerait un déclin des populations pauvres, suivi par celui, décalé dans le temps, des populations riches".
La théorie de l'effondrement. La thèse a également été développée par un professeur de géographie de l’université de Los Angeles dans son essai L’effondrement (2005) qui analyse l’essor et la décadence des civilisations au regard des ressources naturelles qui entourent les hommes. Deux exemples assez parlants illustrent sa thèse. Les Mayas, dont il explique le déclin par l’exploitation intensive du maïs qui a provoqué une déforestation prématurée. "Cette déforestation a libéré les terres acides qui ont ensuite contaminé les vallées fertiles, tout en affectant le régime des pluies." A l’inverse, la région du Croissant fertile a pu se développer grâce à la présence de nombreuses plantes à l’état sauvage (blé, orge, pois chiches, lentilles et lin), grâce à la présence de cinq animaux indispensables à l’alimentation, au transport et au travail agricole (chiens, moutons, porcs, bovins, chevaux) et à la présence de grands fleuves et de la Méditerranée qui permettent la circulation des savoirs. Selon lui et d’autres chercheurs, nous retrouvons dans la situation actuelle les facteurs du déclin civilisationnel. Mais à l'échelle mondiale cette fois-ci.
CONTREPOINT - Pas de fin du monde avant 3500