L’INFO. Les autorités américaines pourraient revenir sur 27 condamnations à mort prononcées ces dernières années, et sur des milliers d’autres dossiers, révèle jeudi le Washington Post. La raison ? Ces personnes ont peut-être été condamnées à tort à cause d’experts scientifiques du FBI un peu trop zélés. Au total, plus de 21.000 dossiers judiciaires seraient concernés.
Cheveux et fibres textiles. Pendant des années, des experts du FBI se sont appuyés sur des preuves qui n’étaient pas à 100% fiables, comme une fibre de vêtement ou un cheveu retrouvé sur une scène de crime. A une époque, certains agents du FBI n’étaient pas aussi rigoureux qu’ils auraient dû l’être, voire exagéraient parfois les conclusions de leurs analyses. Ces experts ont aussi témoigné lors de procès, indiquant qu’un cheveu ou qu’une fibre textile correspondait à coup sûr au suspect. De quoi convaincre un juré.
Des preuves pas fiables. Mais ces preuves ne sont en réalité pas toujours fiables. C’est en juillet dernier que le FBI a annoncé que des milliers de dossiers bouclés depuis au moins 1985 allaient être passés en revue. Quelques mois auparavant, la presse avait en effet révélé que le ministère de la Justice savait depuis des années que le travail trop zélé ou pas assez scientifique de certains experts avait conduit à des condamnations. Santae A. Tribble, 51 ans, condamné en 1978 pour le meurtre d’un chauffeur de taxi a ainsi été innocenté, tout comme Kirk L. Odom, condamné à tort pour agression sexuelle en 1981.
Débat en vue sur la peine de mort. Pour l’heure, au moins 21.000 dossiers ont été identifiés, un nombre provisoire car les laboratoires au niveau des États commencent tout juste à se pencher sur la question. L’association Innocence Project, qui soutient notamment les détenus à réclamer des tests ADN pour tenter de se faire innocenter, aide les autorités à déterrer les dossiers problématiques. Pour le moment, le FBI se concentre sur les condamnations les plus lourdes, dont les 27 personnes condamnées à mort. En mai, les autorités ont ainsi suspendu au dernier moment l’exécution de Willie Jerome Manning, 44 ans, condamné en 1992 pour la mort de deux étudiants. Dans les dossiers les plus urgents, il y aura sans doute des coupables confirmés. Mais la découverte d’un seul innocent aurait des conséquences énormes et relancerait le débat sur la peine de mort aux États-Unis.