L’INFO. Même pour lui, cela commence à faire beaucoup. Rob Ford, l’excentrique maire de Toronto, la première ville du Canada, est empêtré depuis des mois dans un scandale né d’une vidéo dans laquelle on le voyait fumer une pipe en compagnie d’accros au crack. La police a confirmé l’existence de cette vidéo, récupérée dans l’ordinateur d’un trafiquant de drogue présumé et qui a été transmise à la justice jeudi. Rob Ford, habitué aux excès en tous genres et aux pitreries devant les caméras, entend bien garder son siège, malgré ses "erreurs".
Mise à jour mercredi 6 novembre : Rob Ford a reconnu mardi avoir fumé du crack pendant son mandat, alors qu'il était "en état d'ébriété". Tout en ajoutant qu'il avait bien l'intention de se représenter l'année prochaine à la mairie de Toronto.
Les aveux de Rob Ford (en anglais) :
Mise à jour vendredi 8 novembre : Nouveaux ennuis pour Rob Ford. Dans une vidéo filmée à son insu, le bouillonnant élu apparaît hors de lui, remontant son pantalon et ses manches de chemises et lançant plusieurs fois : "je vais le tuer". La cible de son courroux n'a pas été identifiée. Mais le maire de Toronto a reconnu avoir été "extrêmement, extrêmement ivre" sur ces images.
La vidéo a été diffusée jeudi (en anglais) :
>> Portrait de cet élu atypique, en trois addictions soupçonnées ou avérées.
Le crack. L’élu bedonnant de 44 ans aurait été filmé en train de fumer une pipe dans une maison connue pour être un lieu de consommation de crack, une drogue puissante dérivée de la cocaïne. Cette fameuse vidéo, décrite par des journalistes du Toronto Star et du site Gawker au printemps dernier, aurait été tournée fin 2012. La police a fini par mettre la main dessus lors d’une saisie en juin de matériel chez des trafiquants présumés, avant de la transmettre jeudi à la justice. Fumer une pipe n’est évidemment pas en soi une preuve et rien ne permet pour l’instant de dire si Rob Ford fumait du tabac, ce qui est légal, du cannabis, ce qui serait un délit, ou encore du crack, dont la consommation est passible de poursuites pénales. Mais l’affaire est fort embarrassante pour l’élu, qui entend bien "surmonter cette tempête".
L’alcool. Pour se relever après ces révélations, ce populiste soutenu par les conservateurs s’est exprimé dimanche lors de l’émission qu’il anime sur une radio privée avec son frère Doug. Tout en défiant le chef de la police de rendre publique la vidéo, il a confessé des "erreurs", sans reconnaître pour autant s’être drogué. C’est plutôt sur son penchant pour l’alcool que Rob Ford s’est confié, admettant par exemple avoir été "ivre" lors de la Saint-Patrick en 2012. Ce soir-là, le maire s’en serait pris violemment à certains de ses collaborateurs, selon un e-mail envoyé par un garde de sécurité de l’Hôtel de ville de Toronto à ses supérieurs, révélé par la presse samedi. "Je ne devrais pas courir autour de la mairie avec une bouteille de brandy à moitié vide et organiser une soirée dans mon bureau", a reconnu l’élu dimanche. Mais cet épisode ne semble pas lui avoir servi de leçon, puisque Rob Ford a également confessé son ivresse lors d’une fête locale en août dernier. Des habitants avaient alors indiqué au Toronto Star avoir croisé leur maire passablement éméché, tenant à peine sur ses jambes et préférant parler football plutôt que politique.
Des images du maire filmé par des habitants de Toronto :
Les caméras. Il y a en revanche une addiction qui ne fait aucun doute : Rob Ford est accro aux caméras. Personnage haut en couleurs, il aime se mettre en scène, comme en août, quand il a gagné un bras de fer contre le célèbre catcheur moustachu Hulk Hogan. Ses prestations ne sont cependant pas toujours aussi brillantes. En avril, il s’est ainsi illustré en lâchant un "putain" retentissant après avoir percuté une caméra devant la mairie. Quant à ses maladresses, elles font les délices des internautes, qui se passent par exemple en boucle une vidéo dans laquelle le maire tente de faire la démonstration de ses talents de footballeur américain… avant de finir les quatre fers en l’air.
Rob Ford joue les quaterbacks et se retrouve par terre :
Une popularité en hausse. Malgré les scandales et le ridicule, Rob Ford parvient à maintenir sa popularité presque intacte auprès de ses électeurs. D’après un sondage effectué jeudi, après la révélation de la découverte de la vidéo par la police, sa cote auprès des habitants de Toronto a même gagné 5%. Mardi en fin de journée, Rob Ford a assuré qu'il irait au terme de son mandat, qui court jusqu'en octobre 2014, annonçant même qu'il se représenterait. "Il y a du travail sur lequel nous devons avancer et d'importantes décisions que nous devons prendre", a-t-il dit, ajoutant que "le passé est ce qu'il est".
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