Un scandale de plus, un scandale de trop pour l'armée américaine ? Huit ans après Abou Ghraib, une vidéo montrant quatre Marines urinant sur trois cadavres présentés comme ceux d'insurgés talibans, vient de relancer la polémique sur les pratiques des soldats américains déployés sur les lieux de conflit. Car ces images en rappellent d'autres, tout aussi violentes, pour les pays arabo-musulmans.
Première tâche indélébile, la prison d'Abou Ghraib en Irak. En 2004, des images montrant des soldats américains battant des prisonniers, les menaçant avec des chiens ou leur infligeant des sévices sexuels, font le tour du monde. Face à l'émoi provoqué, le gouvernement avait décidé de lancer une enquête pour découvrir l'ampleur des faits. Les sept GI impliqués, dont l'emblématique Lynddie England, avaient ensuite été traduits devant une cour martiale et condamnés à des peines allant jusqu'à dix ans de prison.
En 2009, Lynddie England a raconté sa version de l'affaire dans un livre intitulé Tortured :
Le Coran malmené
Le Coran profané à Guantanamo. Plusieurs exemplaires du Coran, appartenant à des détenus de cette située sur la base américaine de Cuba, ont été dégradés par des soldats. Coup de pied donné dans le livre sacré dans la religion musulmane, bombes à eau lancées par des gardiens dans une cellule pour en mouiller un ou plusieurs, un militaire urinant sur un exemplaire ou marchant dessus, des obscénités écrites etc... la liste est loin d'être exhaustive. Un soldat avait même confessé au journal Newsweek avoir jeté un exemplaire dans les toilettes pour faire parler un détenu.
La rumeur qui courait depuis plusieurs mois avait été confirmée par le Pentagone en juin 2005. Le général Jay Hood, alors commandant à la tête de la prison, avait reconnu de "mauvaises manipulations" tout en précisant que rien ne prouvait qu'un Coran avait bel et bien été jeté dans les WC.
La "kill team" en Afghanistan
Autre bavure en 2010, en Afghanistan cette fois. Le sergent-chef Calvin Gibbs, 25 ans, et cinq autres soldats sont accusés d'avoir assassiné sciemment au moins trois civils afghans. Le groupe surnommé la "kill team" ou "l'équipe de tueurs" leur coupait ensuite les doigts de la main et des dents pour en faire des trophées, racontait à l'époque le Washington Post.
Des scènes de crime maquillées :
Pour maquiller la scène, ils disposaient des armes à feu près de leurs victimes. Comble de l'ironie, ces militaires étaient affectés à des missions humanitaires. Le 10 novembre 2011, Calvin Gibbs, reconnu coupable de quinze chefs d'accusation, a été condamné à la perpétuité par la cour martiale de Washington.