L’Onu intensifie sa lutte contre l’État islamique. Le Conseil de Sécurité a adopté jeudi une résolution destinée à étrangler financièrement le groupe djihadiste. En effet, l’État islamique tire des millions de dollars de la contrebande de pétrole, de rançons ou encore de trafic d’antiquités. La résolution, co-parrainée par les États-Unis et la Russie, a pour but de rappeller aux États l’interdiction de commercer avec l’EI, et de geler tous ses avoirs financiers. Mais ce texte va-t-il permettre de vaincre le groupe djihadiste ?
>> LIRE AUSSI : Contre l'EI, Obama ne dit pas non au retour des militaires au sol
Une nouveauté : stopper le commerce de biens culturels. La principale nouveauté de cette résolution est en effet de prohiber le trafic des œuvres d’art et antiquités dérobées en Syrie, une interdiction qui s’appliquait déjà à l’Irak. Le texte recommande donc de mieux contrôler les mouvements des camions et avions dans les zones tenues par l’EI, et qui seraient susceptibles de transporter des marchandises volées, dont des œuvres d’art. Le pays visé en priorité : la Turquie, principal point de passage avec la Syrie.
Car depuis le début du conflit, débuté il y a trois ans, près de 300 sites archéologiques ont ainsi été détruits, endommagés ou pillés, selon les chiffres de l’ONU en décembre dernier. Un trafic lucratif d’œuvres d’art s’est mis en place en Syrie, auquel se livrent tous les belligérants -régime, rebelles, djihadistes. Mais la vente d’antiquités n’est pas la seule source de financement à la disposition de l’État islamique.
>> LIRE AUSSI : Les 300 trésors perdus de la Syrie
Le pétrole, le nerf de la guerre. Le groupe djihadiste dispose d’énormes ressources grâce au pétrole. Selon un rapport de l’Onu, datant du mois de novembre, l’EI gagnerait de 850.000 à 1,6 million d’euros par jour en vendant de l’or noir à des intermédiaires privés. Mais plusieurs experts estiment que ces revenus ont diminué de moitié à cause des bombardements menés par la coalition occidentale, conjuguée à la baisse du prix du brut sur les marchés.
Des responsables américains ajoutent que le groupe djihadiste a perdu du terrain, et qu’il doit s’attendre à une vaste offensive terrestre en Irak. Mais arrêter totalement le trafic de pétrole s’avèrera très difficile. En effet, de très nombreux intermédiaires entrent en contact avec les djihadistes pour acheter du pétrole.
>> LIRE AUSSI : De l'Irak à la Syrie, l’État islamique contraint au repli
Une efficacité limitée. Cette résolution, très technique, s’applique à d’autres groupes extrémistes comme le Front Al-Nosra. De plus, tous les États auront l'obligation de l'appliquer, et pourraient être sanctionnés dans le cas contraire. Mais ce texte ressemble surtout à un catalogue de mesures déjà existantes. En effet, la résolution regroupe et détaille toute une panoplie de mesures prises par le Conseil de sécurité pour lutter contre l’EI. Un régime de sanctions, comme le gel d’avoir ou un embargo sur les armes, s’applique déjà depuis de nombreuses années aux organisations affiliées de près ou de loin à Al-Qaïda.
Difficulté supplémentaire, faire appliquer ces décisions ne sera pas facile vu le nombre d’intermédiaires qui trafiquent avec les djihadistes. Autant dire que l’adoption de ce texte ne s’apparente pas à un remède miracle. "La nouvelle résolution va resserrer un peu l’étau et montrer la détermination du Conseil (de sécurité, ndlr) même si son impact à court terme est difficile à évaluer", a ainsi expliqué un diplomate occidental. La guerre contre l’État islamique promet de durer encore de long mois.
>> LIRE AUSSI : Violés, vendus, tués, la vie des enfants sous l'Etat islamique en Irak