L'INFO. Il y a urgence, selon François Hollande. Le président français a lancé mardi à l'ONU un "cri d'alarme" sur la situation en Centrafrique, réclamant un soutien financier et logistique à la force panafricaine présente sur place. Sur le terrain, la situation est de plus en plus chaotique. Explications.
Qui dirige aujourd’hui la Centrafrique ? Ce pays, coincé entre le Tchad au nord et le Soudan à l’Est, est, en effet, en train de sombrer depuis plusieurs mois dans le "chaos". La faute à une instabilité politique chronique. Le 24 mars, le président François Bozizé, arrivé lui-même au pouvoir par un coup d’Etat en 2003, a été renversé par les rebelles de la Séléka. Ces hommes étaient dirigés par Michel Djotodia qui s’est autoproclamé président de transition.
Qui sont les rebelles ? La coalition Séléka, groupe hétéroclite de rébellions et de groupes armés, compte environ 25.000 combattants, dont 20.000 ralliés "de la dernière heure" au moment de la prise de Bangui, la capitale. Ces miliciens seraient près de 5.000 à Bangui et 15.000 dans la brousse. 80% d’entre eux seraient des étrangers venus des pays voisins, selon l’Union africaine. Ils sont, dans l’immense majorité, des musulmans dans un pays à 80% chrétien. S’il existe des infiltrations islamistes, "il ne s'agit pas d'un combat pour l'Islam", affirmait Philippe Hugon, spécialiste de l’Afrique, interrogé par Europe1.fr.
Mais depuis plusieurs mois, les exactions -pillages et violences- se multiplient. Par ailleurs, l’appareil d’Etat est lui aussi vacillant : les fonctionnaires ne sont plus payés, aucune taxe ne rentre dans les caisses de la Centrafrique et les fruits du commerce des diamants -une des grandes ressources du pays-, iraient directement dans les poches des chefs de guerre. Dans ce contexte, le président Djotodia a été récemment contraint de dissoudre la coalition Séléka qui l'a portée au pouvoir. "Tous ceux qui vont continuer à se réclamer de ces entités seront considérés comme des bandits", a-t-il affirmé.
Un drame humanitaire ? Pour l’instant, cette dissolution a eu peu d’effets sur le terrain. La terreur continue de régner. Selon l’ONU, 1,6 million de Centrafricains, soit un tiers de la population, a besoin d'une aide humanitaire d'urgence, plus de 270.000 ont été déplacés ou se sont réfugiés dans les pays voisins. Jusqu'ici, les autorités de transition ont été incapables de mettre fin aux violences. L'appel pour sortir la Centrafrique du chaos "ne suscite que des contributions désespérément insuffisantes", a déploré mardi le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. "L'ordre public s'est effondré" dans le pays, a-t-il souligné lors du discours d'ouverture de la 68e assemblée générale de l’ONU. En déplacement à Bamako, le président Hollande avait parlé de "femmes victimes de viols", "d’enfants déplacés, perdus", "les villages anéantis". La peur d’une "somalisation" du conflit inquiète donc la plupart des acteurs politiques et humanitaires.
Quelles solutions envisagées ? La France est en première ligne dans ce dossier. Lors de l’Assemblée générale de l’ONU, François Hollande entend plaider en faveur, dans un premier temps, de l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité renforçant le mandat de la force panafricaine déployée sur le terrain sous l'égide de l'Union africaine (Misca). Celle-ci est une force panafricaine, militaire et policière pour l'essentiel, composée pour l'heure de 1.400 hommes -Camerounais, Congolais, Gabonais, Tchadiens. Ses effectifs doivent à terme atteindre 3.600 hommes, mais leur déploiement traîne en longueur. Dans un deuxième temps, Paris espère faire voter une résolution qui transforme cette force en "opération de maintien de la paix" et serait prête "si nécessaire" à porter ses effectifs militaires à 700 où 750 hommes, contre 450 actuellement.
A défaut d'une résolution du conseil de sécurité, la France pourrait demander à d'autres institutions, comme l'Union européenne, de financer cette opération, considérée par Paris comme "une opération de la dernière chance de sauver ce pays du chaos". Mercredi, une réunion ministérielle est prévue à New York, co-présidée par la France, l'ONU et l'Union européenne, à laquelle doivent participer des représentants de l'Union africaine (UA), des Etats-Unis et des pays voisins de la Centrafrique.
>> Pour Alexandre Adler, une insurrection "sanglante, tribale et non-démocratique" a lieu en Centrafrique :
Les massacres continuent en Centrafriquepar Europe1fr