La dictature nord-coréenne ne s'est pas éteinte avec la mort de son dirigeant Kim Jong-Il, samedi. Après dix-sept ans de règne, le "cher dirigeant" est officiellement mort "de surmenage physique et mental", officieusement d'une crise cardiaque. Savamment orchestrée, sa succession laisse cependant de nombreuses questions en suspens. Notamment à cause de l'arme nucléaire.
Quelle expérience a Kim Jong-Un, son successeur ?
Déjà victime d'un accident cérébral en 2008, Kim Jong-Il avait décidé d'entamer un processus de transition en 2010. Dès septembre, il a placé Kim Jong-Un, l'un de ses fils, à des postes stratégiques. S'il est jeune, environ 28 ans, le nouveau dirigeant nord-coréen n'est pas tout à fait un amateur. "Depuis l'été 2010, il a une influence sur les affaires d'Etat comparable à celle de son père, à l'exception de la politique étrangère", estime Cheong-Seong-Chang, spécialiste de la Corée du Nord. "Jong-Un est connu comme ayant le potentiel pour devenir un leader fort, intransigeant. Il a la personnalité pour assumer des responsabilités", ajoute-t-il.
Quelles mesures va-t-il prendre ?
La question obsède les observateurs autant qu'elle inquiète. Propulsé nouveau leader du régime, Kim Jong-Un pourrait ressentir le besoin "de démontrer sa légitimité par des essais nucléaires ou des provocations militaires". C'est la crainte de Michael Green, du Centre d'études stratégiques et internationales de Washington. Dans une société qui vénère les anciens, sa jeunesse n'est pas un atout. Et à l'approche du centenaire de la création de la République populaire et démocratique par son grand-père, Kim Il-Sung, en 2012, le jeune homme pourrait ressentir ce besoin.
Comment réagissent les voisins de la Corée du Nord ?
Selon leur position, ils ont diversement apprécié la situation. La Chine, l'un des rares alliés de la Corée du Nord, a fait part de ses "profondes condoléances" après la mort de Kim Jong-Il. Il semble que la Chine ait validé la prise de pouvoir de Kim Jung-Un, selon des spécialistes. Dotée d'une économie moribonde, avec un peuple pauvre et nécessitant l'aide alimentaire, la Corée du Nord s'entretient régulièrement avec son voisin chinois.
Le Japon et la Corée du Sud se sont montrés beaucoup plus méfiants. Le pays du Soleil levant a mis en place une cellule de crise pour étudier les développements en Corée du Nord. Le premier ministre Yoshihiko Noda a appelé les membres de son gouvernement à se préparer à toute conséquence inattendue. Au pays du Matin calme, le cran est plus élevé. L'armée sud-coréenne est en état d'alerte, et le président Lee Myung-bak a réuni son Conseil de sécurité nationale.
Et sur la scène internationale, ça change quoi ?
La disparition de Kim Jung-Il est porteuse d'espoir, en général, dans le reste du monde. En France, Alain Juppé a espéré lundi "qu'un jour le peuple de la Corée du Nord pourra retrouver sa liberté", tout en manifestant sa "vigilance" envers ce pays qui possède l'arme nucléaire. Aux Etats-Unis, cette succession est aussi bien vue. Washington espère une poursuite des contacts avec Pyongyang pour la dénucléarisation du pays.
Une possible reprise des pourparlers à Six, avec l'autre Corée, la Russie, la Chine et le Japon, est espérée, après trois ans d'interruption. Le but est de convaincre la Corée du Nord de renoncer à ses ambitions nucléaires en échange d'une importante aide énergétique et alimentaire. Elles sont au point mort depuis décembre 2008. Point positif : samedi, la Corée du Nord aurait accepté de suspendre son programme d'enrichissement de l'uranium à des fins militaires…