Le projet de loi spéciale du gouvernement du Québec, visant à mettre fin à la grève étudiante dans la province, était vivement critiqué vendredi dans plusieurs secteurs de la société en raison des restrictions aux libertés fondamentales qu'il prévoit. Ce projet de loi instaure une forte restriction du droit de manifester et de lourdes amendes pour les contrevenants.
Il stipule qu'une manifestation de plus de 10 personnes ne peut avoir lieu que si les organisateurs ont informé la police, "au moins huit heures" à l'avance, et qu'ils lui ont fourni "la date, l'heure, la durée, le lieu" et l'itinéraire de la manifestation, ainsi que les moyens de transport qu'ils comptent utiliser pour s'y rendre. Le seuil est fixé à 10 manifestants pour que la police puisse les compter, a expliqué vendredi matin la ministre de l'Education, Michelle Courchesne, qui a proposé un amendement pour le porter à 25 lors du débat à l'Assemblée nationale du Québec.
Le projet de loi "limite la liberté d'expression" à un point tel qu'"on est en droit de se demander qui osera encore aller manifester", a dit le bâtonnier du Québec, Me Louis Masson, qui dirige l'ordre professionnel des avocats de la province. Les syndicats ont aussi vertement dénoncé ce projet de loi, tout comme le patronat, qui a exprimé des réserves.
Le gouvernement souhaite par ce projet ramener le calme au Québec, surtout à Montréal, où des manifestations d'étudiants contre la hausse des droits de scolarité ont eu lieu tous les jours depuis trois mois.