Si d’aventure Mouammar Kadhafi cédait à la pression internationale et quittait le pouvoir en Libye, l’Ouganda serait prêt à l’accueillir. Ce scénario, révélé mercredi par la chaîne de télévision panarabe Al Arabia, a été mollement démentie dans la journée à Kampala. "Ce sont des rumeurs. Je sors du conseil des ministres et nous avons bien sûr parlé de la Libye mais il n'y a rien eu sur une éventuelle demande d'asile", a déclaré Henry Okello Oryem, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères. "Mais si Kadhafi demande l'asile à l'Ouganda, nous étudierons cette requête comme nous le ferions pour n'importe qui d'autre", a-t-il aussi ajouté.
Alors que sur le terrain les insurgés peinent à progresser malgré le soutien aérien de la coalition internationale, les alliés répètent que le départ du dictateur libyen est un préalable à un règlement de la crise. Le Premier ministre du Qatar, le cheikh Hamad ben Djassim al-Thani, l'a carrément exhorté à renoncer au pouvoir afin d'éviter un bain de sang, ajoutant que le dirigeant libyen ne disposerait peut-être que de quelques jours pour négocier sa sortie.
Soudan ou Zimbabwe
Pour l’heure, aucun pays n’a officiellement invité le leader libyen sur son territoire. Mais outre la piste ougandaise, Mouammar Kadhafi pourrait trouver refuge dans d’autres pays africains. Avec une condition : que le pays en question ne reconnaisse pas la Cour pénale internationale, qui a ouvert une enquête à l’encontre de Mouammar Kadhafi et de ses fils après la répression du mouvement de contestation.
Dans cette optique, deux pays se dégagent. Le Soudan, d’abord. Son président, Omar el-Béchir, est sous le coup depuis 2009 de mandats d’arrêt internationaux émanant de la CPI pour ses agissements dans la province sécessionniste du Darfour et voue une haine féroce au tribunal international. L’homme est en outre un ami déclaré du Guide libyen. Mais il pourrait avoir trop à faire avec ses problèmes de partition, et risquerait au passage d’attirer un peu plus l’attention de la communauté internationale sur son cas.
Chavez se démarque encore
L’autre solution pourrait venir du Zimbabwe, dirigé de main de fer par Robert Mugabe, autre grand ami du colonel Kadhafi. Saut que le vieux président, 87 ans, au pouvoir depuis 1987 mais réélu dans des conditions plus que contestées en 2008, craint de s’attirer une fois de trop les foudres de son opinion publique.
Par delà le continent noir, Mouammar Kadhafi pourrait aussi se tourner vers le Venezuela. Volontiers offensif quand il s’agit de dénoncer l’impérialisme américain, Hugo Chavez a trouvé dans l’intervention en Libye une autre occasion de se démarquer. Le président vénézuélien a ainsi récemment exigé que soit mis fin aux "bombardements aveugles" de la coalition internationale. D’autant que lui non plus n’a jamais caché sa proximité avec Mouammar Kadhafi. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si une rumeur avait envoyé le dirigeant libyen à Caracas dès le début du mouvement de contestation en février.
Certes envisageables, ces scénarios sont de toute façon tributaires de la volonté de Mouammar Kadhafi de quitter le pouvoir en Libye. Ce qui, sur le terrain, semble loin d’être le cas.