L'Europe retient son souffle. Un deuxième sommet, crucial, sur la crise de la dette, après celui de dimanche, se tient mercredi à Bruxelles. Les dirigeants de la zone euro, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en tête, espèrent apporter une réponse d'envergure. Mais alors que les deux piliers de l'Union européenne ont du mal à se mettre d'accord, où en est le rapport de forces au sein du couple franco-allemand ? Europe1.fr fait le point.
La France, élève moyen. L'Allemagne élève modèle. L'Allemagne est économiquement en forme, forte d'une discipline budgétaire de fer. Le déficit budgétaire outre-Rhin est de 0,9%, lorsqu'il avoisine les 6% dans l'Hexagone. En matière commerciale, la France accuse un déficit de 70 milliards, alors que l'Allemagne affiche un excédent de plus de 150 milliards. Sur le plan de l'emploi, l'avantage reste du côté allemand avec un chômage à 6% outre-Rhin. Il est de 10% en France. La France, qui travaille encore à adopter un budget d'austérité est ainsi devenue un élève moyen. Et sa récente mise sous surveillance par une agence de notation n'arrange rien, même si elle détient toujours son triple A.
Merkel prend le leadership. Forte d'un bilan économique meilleur que celui de son homologue français, c'est désormais la chancelière qui "porte la culotte" dans le couple franco-allemand. Que ce soit sur le Fonds de stabilité financière (FESF), la recapitalisation des banques ou le rôle de la Banque centrale européenne (BCE), Angela Merkel a démontré ces derniers jours que son point de vue l'emporte. La chancelière impose désormais son rythme, ses idées à ses partenaires européens pour résoudre la crise de la dette. Et le président français dans tout ça ? "Nicolas Sarkozy fait aujourd'hui figure de partenaire "junior" face à Angela Merkel", a déclaré mardi le socialiste Pierre Moscovici, proche de François Hollande. Un sérieux retournement de situation pour Nicolas Sarkozy, qui avait pris l'habitude de piloter le couple franco-allemand depuis 2007.
Une vision de la crise différente. Considérant qu'elle a déjà fait les sacrifices nécessaires chez elle, l'Allemagne est partie en guerre contre le non respect des règles de bonne gestion du pacte de stabilité et de croissance, notamment par certains Etats européens du sud. L'Allemagne prône donc une cure d’austérité drastique. Mettant davantage l'accent sur les dysfonctionnements des marchés, la France souhaitait que le FESF vienne en aide aux Etats en difficulté par l'octroi de prêts auprès de la BCE. Craignant la porte ouverte à l'indiscipline budgétaire, l'Allemagne a mis son véto.
Le scénario qui se dégage. Le pessimisme s'est installé mercredi concernant les chances de voir le sommet de la zone euro apporter la réponse d'envergure promise à la crise de la dette. Mais si l'urgence de la situation laisse toutefois présager une sortie de crise, le point de vue allemand pourrait alors avoir de bonnes chances de triompher. D'autant que les députés allemands ont accordé mercredi à la chancelière allemande, à une écrasante majorité, un large mandat pour négocier un renforcement du FESF, en excluant toutefois tout recours à la Banque centrale européenne et toute augmentation de la garantie apportée par l'Allemagne.
La France risque donc de devoir à nouveau s'aligner sur son partenaire européen. Et à l'heure où le monde a les yeux rivés sur le Vieux Continent, une chose est sûre, le couple franco-allemand ne peut s'offrir le luxe d’afficher un nouveau désaccord.