La prise d'otages réalisée par les rebelles shebab, liés à Al-Qaïda, dans le centre commercial Westgate de Nairobi, au Kenya, a fait 69 victimes. Parmi ces dernières se trouvaient deux Françaises, Corine Dechauffour et sa fille Anne.
"J'ai perdu une amie". "Elle craignait plus un vol de sac et jamais une prise d'otage tragique." La confidence dans Le Parisien de Christophe Lebel, ami d'enfance d'Anne Dechauffour, tombée sous les balles des rebelles shebab samedi à Nairobi avec sa mère Corine, donne la mesure de l'effroi qui l'habite. "J'ai perdu une amie. Avec sa mort, ce sont tous mes souvenirs d'école avec elle qui remontent." Les deux amis s'étaient connus à Nice avant qu'Anne suive ses parents au Kenya à l'âge de 12 ans.
Anne Dechauffour aurait eu 28 ans le 31 octobre. Elle avait des rêves plein la tête. Après des études de sciences du langage, elle avait entamé une carrière de mannequin dans une agence londonienne. Ambitieuse et touche-à-tout, elle avait également suivi des cours de théâtre dans la capitale anglaise et aux prestigieux cours Florent à Paris. Comme elle le racontait sur un site spécialisé (en anglais), son modèle était le mannequin brésilien Gisèle Bundchen qui a fait une apparition dans Le Diable s'habille en Prada.
Le Kenya dans le sang. Entre deux défilés, Anne se rendait régulièrement au Kenya où ses parents n'ont cessé de vivre depuis leur départ de Nice. Ils habitaient dans le parc national de Meru, à 320 km au nord-est de Nairobi, où le père, Michel, gère un hôtel, le Rock Leopard Lodge. A 54 ans, sa mère Corine se consacrait, elle, à sa peinture. Autodidacte, elle exposait ses toiles acryliques très colorées dans les galeries chics de Nairobi et sur son site Internet.
Toute la famille avait le Kenya, et l'Afrique en général, dans le sang. Ils n'ont pour autant jamais couper les ponts avec Nice. Chaque été, ils y passaient plusieurs jours de vacances dans leur grande villa près du quartier cossu du Mont-Boron. Ils prévoyaient même d'y finir leurs jours, selon des voisins.
Hommage. Corinne et Anne Dechauffour laissent derrière elles un mari et une fille pour la première et un père et une sœur pour la seconde. Pour que justice soit faite, la section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "assassinat et tentative d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste". En attendant, un hommage devrait être rendu à Nice en leur mémoire.