Rajoy, un chef choisi par défaut

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avec AFP , modifié à
PORTRAIT - Le nouveau chef du gouvernement a profité des erreurs de ses adversaires.

Comme prévu, la droite est revenue au pouvoir en Espagne dimanche, sept ans après avoir laissé la place au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de José Luis Rodriguez Zapatero. Ces élections législatives devraient permettre à Mariano Rajoy de récupérer le bail du Palais de la Moncloa. Le leader du Parti populaire, 56 ans, devrait être nommé à la présidence du gouvernement d'ici le 20 décembre. Une victoire qui intervient après deux échecs retentissants pour Mariano Rajoy.

Le premier a eu lieu lors des législatives de 2004. A cette époque, son Parti populaire avait dû abandonner tout espoir de victoire après avoir imputés les attentats de Madrid aux séparatistes de l'ETA. Mais le plus gros camouflet est intervenu en 2008. Après un nouvel échec électoral, Mariano Rajoy a fait un discours interprété par les personnes présentes au siège du parti comme un adieu à la politique. Un sentiment renforcé par deux jours de silence radio du candidat perdant… avant un retour en force, comme si de rien n'était.

"Il prendra les bonnes décisions"

Réputé assez froid, sans grand charisme, le leader du PP a surtout profité des erreurs répétées de ses adversaires socialistes pour obtenir une majorité absolue de députés. "Il prendra les bonnes décisions, mais comme dans le reste de l'Union européenne à l'heure actuelle, la question est de savoir si l'on peut prendre les décisions à temps", commente ainsi José Maria Areilza, doyen de la faculté de droit de l'Instituto de Empresa de Madrid.

Fils de juge, Mariano Rajoy est originaire de Galice, une région dont les habitants sont réputés pour leur réserve et leur habitude à répondre à une question par une autre. Avant de "descendre" à Madrid, Rajoy a occupé plusieurs postes locaux dans sa région durant les années 1980.

Supporter du Real Madrid

Sous la coupe de José Maria Aznar, il monte en grade à la fin des années 1990. Quatre fois ministre, il a pris la succession de l'ancien chef du gouvernement à la tête du Parti populaire en 2004. "Il incarne un type de pouvoir modéré, peu porté à imposer les choses, plutôt soucieux de convaincre, ce qui correspond à ce dont l'Espagne a le plus besoin aujourd'hui", estime José Maria Lassalle, un député proche de Rajoy.

Dans sa vie personnelle, ce quinqua est marié et père de deux enfants. Il arbore une barbe fournie depuis l'époque où il ne pouvait se raser à cause des cicatrices laissées par un grave accident de voiture. Son éducation chez les religieuses catholiques et sa paisible vie de famille en province annoncent des discussions difficiles avec les jeunes Espagnols, principales victimes de la crise.

Ancien cycliste, Mariano Rajoy, qui est connu comme un fumeur de cigares occasionnel, s'est reconverti à la marche, qu'il pratique "au moins 31 jours par mois". Il apprécie le football et supporte particulièrement le Real Madrid, le club du roi Juan-Carlos.